Biodiversité des lacs mise à l’épreuve

Jéremy Berger et Marta Marangonil étudient à l'Unil et participent au IGEM, grand concours international

Photo & rédaction par : Jessica Vicente

BIOLOGIE · La présence de moules invasives dans les lacs donne du fil à retordre à de nombreux chercheur·euse·s. De jeunes étudiant·e·s se sont lancé·e·s le défi de mettre au point un projet pour limiter leur prolifération.

Depuis une dizaine d’années, plusieurs lacs à travers le globe abritent l’espèce de moule quagga. Cette espèce de mollusque d’eau douce apprécie principalement les eaux stagnantes et avec peu de courant, elle envahit donc facilement les lacs et les rivières. Malgré de nombreuses recherches il reste très difficile de déchiffrer la cause de leur présence et aussi de s’en débarrasser.

Un écosystème menacé

« À l’origine, les moules quagga viennent dans les bateaux. Lorsque les pêcheurs rentrent de leur journée de travail, en vidant les ballasts, c’est les réservoirs qui permettent d’ajuster la flottaison des bateaux se trouvent plein de larves de moules. Parfois les pêcheurs ne se rendent même pas compte » déclare Jérémy Berger, étudiant en fin de bachelor de biologie à l’Unil. C’est de cette manière que les larves se développent et passent d’un port à un autre. Comme cela a été le cas de la moule originaire du bassin de Dniepr en Ukraine qui a été introduite malencontreusement dans de nombreux lacs en Europe et en Amérique du Nord. Cependant, le problème ne s’arrête pas là. Ces larves aiment particulièrement se loger dans les canalisations, environnement qui est propice pour leur reproduction. À terme, elles finissent par bloquer le flux de l’eau. « La difficulté se trouve aussi pour la chaîne alimentaire, car les quagga filtrent l’eau et se nourrissent de plancton et de bactéries, ce qui laisse moins de nourriture aux autres organismes présents dans l’écosystème. » explique Marta Marangoni, étudiante en master de biologie à l’Unil.

Afin de prévenir toute apparition de moules, il est essentiel de nettoyer les bateaux après chaque utilisation.

Une solution prometteuse ?

Marta Marangoni et Jérémy Berger font partie d’une équipe de 14 personnes en lice du Grand Jamboree, un grand concours international de biologie synthétique. Ce concours est organisé par l’IGEM, une fondation à but non-lucratif voué à l’avancement de la biologie synthétique « Le concept de ce concours est de modifier génétiquement des organismes pour répondre à des problématiques spécifiques » énonce Jérémy Berger.

Le projet encore en élaboration a débuté en mai 2022 et il se divise en deux phases.  Dans un premier temps, il s’agira de reproduire la protéine Fit-D qui va tuer les moules. Ensuite, il faut produire des acides zostériques, qui est une molécule empêchant l’adhésion des quagga avec les surfaces. « Ces deux étapes sont imbriquées ensemble car les quagga relâchent de l’ammonium lorsqu’elles meurent. Ce produit est très odorant et assez toxique. Mais ce n’est pas la préoccupation majeure. Les vrais problèmes sont l’obstruction des canalisations. C’est pourquoi il est nécessaire de surveiller fréquemment l’état des canalisations. Avec cette deuxième étape, nous empêcheront la survie de l’espèce » souligne Marta Marangoni.

Près de 350 équipes du monde entier se disputeront en fin octobre 2022 la médaille du meilleur projet auprès d’un jury d’experts aux Portes de Versailles à Paris. Après de longs mois de dur labeur, espérons que cela portera ses fruits pour nos deux étudiant·e·s de l’Unil !

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