Le monde de demain

SCIENCE-FICTION • V pour Vendetta, Farenheit 451, Ghost in the Shell… La science-fiction, depuis ses débuts, n’a eu de cesse d’interroger: quel sera le monde de demain?

Désastres environnementaux et pandémies incontrôlables; censure et totalitarismes montants; surveillance de masse et peur de l’Autre; technologies dérivantes et libéralisme effréné; citoyenneté asphyxiée et libertés enlevées… Aux siècles précédents comme aujourd’hui, la science-fiction s’est toujours érigée en miroir des dérives sociétales et de nos peurs les plus rampantes. Trop souvent déconsidérée, la science-fiction ne s’adresse pourtant pas qu’aux amateur·ice·s du genre. Entre dystopies et utopies, ces mondes imaginaires nous conduisent à cette question, terrifiante, bouleversante: et si ce futur était déjà en marche?

Si ce monde vous déplaît

Ce sont ces questionnements qu’aborde Si ce monde vous déplaît, un podcast créé par la Maison d’Ailleurs, le musée de la science-fiction, de l’utopie et des voyages extraordinaires situé à Yverdon-les-Bains, en partenariat avec l’Unil. De Fahrenheit 451 à V pour Vendetta, en passant par Ghost in the Shell, Soleil Vert et d’autres classiques de la science-fiction, le podcast aborde en dix épisodes des sujets aussi vastes que le genre lui-même.

«Et moi, dans mon monde à moi?»

Marc Atallah

Chaque épisode analyse une oeuvre majeure et invite un·e chercheur·euse de l’Unil à les questionner. Le but? Décrypter les visions plurielles que nous offrent ces oeuvres, grâce auxquelles nous pouvons méditer sur notre présent et les directions possibles que peuvent prendre nos sociétés. «Une des fonctions de la fiction, et ça marche particulièrement bien pour la science-fiction, c’est d’être capable de nous décentrer. Comme je vis une autre vie, je peux inspecter autrement ma propre vie», nous dit Marc Atallah, directeur de la Maison d’Ailleurs et hôte principal du podcast. Que ce soit au travers de Montag, V, ou encore le major Kusanagi, l’on se pose à la place des protagonistes et l’on s’interroge: et si j’étais à leur place? Et si leur monde est en fait le mien? «La science-fiction a vite tendance à inverser les choses», expose Marc Atallah. Dans Fahrenheit 451 de Ray Bradbury, par exemple, on appelle pompiers ceux qui brûlent les livres. Dans cette société, les pompiers protègent la population de la dissidence, de la liberté. «Le·la lecteur·ice qui sort de Fahrenheit 451 doit se rendre compte que ces pompiers protègent la société de la prise de conscience que le bonheur promis est factice. Et logiquement l’étape d’après c’est de se demander: et moi, dans mon monde à moi?»

Consommer, divertir, bousculer

De telles oeuvres nous rappellent, de temps en temps, de prêter attention à notre consommation personnelle de contenu médiatique: «Dans ce que je consomme, est-ce qu’il y a la place pour la dissidence, pour la révolte, pour la critique, pour la faculté de jugement?» interroge Marc Atallah dans Si ce monde vous déplaît. Les meilleures oeuvres de science-fiction bousculent, interrogent, bouleversent, dérangent, chamboulent. Et comme le rappelle le professeur Faber dans Fahrenheit 451, «Les livres sont faits pour nous rappeler quels ânes, quels imbéciles nous sommes. Ils sont comme la garde prétorienne de César murmurant dans le vacarme des défilés triomphants: Souviens-toi, César, que tu es mortel».

Méribé Estermann

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