À la recherche du toit perdu

Photo : Yasmine Zamparo

LOGEMENT • Comment se loger quand on est étudiant·e? Vous étiez encore nombreux·ses à chercher une réponse à cette question à la rentrée. Car crise du logement oblige, les chambres se font rares. Pourtant les différentes associations et fondations du campus rivalisent d’ingéniosité pour trouver de nouveaux lits.

En juin, l’Unil et l’EPFL lançaient une campagne afin de trouver 600 chambres supplémentaires pour la rentrée universitaire. Leurs efforts ont payé et cela leur a permis de trouver de nombreux lits. Mais malgré cela, les logements manquent toujours pour accueillir les étudiants·e·s qui sont chaque année plus nombreux·ses. Les différentes associations et fondations qui travaillent avec les deux campus ne manquent pas d’idées pour trouver de nouveaux lits. La FMEL (Fondation Maisons pour Étudiants), qui gère notamment les logements du Vortex, est l’une des plus grosses structures d’accueil d’étudiant·e·s en Suisse. Elle a actuellement une capacité d’accueil de plus de 4000 lits, mais cela ne suffit pas à répondre à la demande. Le prochain projet de la fondation à 75 millions de francs: la construction de 776 lits sur le Campus santé, prévu pour 2026 à Chavannes-près-Renens et qui accueillera notamment la HESAV (Haute École de Santé Vaud). «Mais la fondation reste constamment à l’affût de chambres à proposer à ses étudiant·e·s», assure son directeur Yves Ferrari.

Pire que la file d’attente du Paléo

Pour trouver une chambre auprès de la FMEL «c’est comme pour Paléo, premièr·e arrivé·e, premièr·e servi·e» explique Yves Ferrari. La plateforme de la fondation met en ligne chaque deux semaines de nouvelles chambres à disposition. Pour environ 7 à 10 chambres, ce sont environ 1500 connexions. La patience est donc de mise, mais une fois le Saint-Graal obtenu, et à condition d’avoir les finances permettant de payer le loyer mensuel d’environ CHF 710.-, vous êtes entre de bonnes mains. Car être logé·e par la FMEL, c’est bénéficier de conditions idéales: des délais de résiliation de deux mois, pas de garant·e demandé·e et tout est inclus dans le loyer: wifi, assurances et électricité notamment. Les conditions sont très similaires auprès de la FSLE (Fondation Solidarité Logement pour les Étudiant‑e‑s). Ce sont des chambres «clés en main» avec des loyers variant de 590 francs à environ 800 francs. Son directeur, Eran Shoshani, estime que la situation du logement à Lausanne est dramatique. Sa fondation refuse un·e étudiant·e sur dix. La période estivale est la plus critique, car il reçoit de nombreux appels de parents désoeuvré·e·s. L’EPFL et l’ECAL (École Cantonale d’Art) ont signé un partenariat avec la FSLE afin de garantir un certain nombre de chambres pour leurs étudiant·e·s. À ce jour, l’Unil n’a toujours pas signé de partenariat de ce genre.

Les coopératives à la rescousse?

Eran Shoshani explique que les coopératives sont désormais des partenaires de choix. Leur concept étant d’avoir de la mixité dans leurs immeubles et de favoriser des logements à de meilleurs prix, elles se montrent favorables à l’accueil d’étudiant·e·s.

Les logements étudiants manquent

Le futur écoquartier lausannois des Plaines-du-Loup accueillera d’ici 2034 des logements étudiant·e·s. Les régies privées, quant à elles, se montrent moins accueillantes et flexibles. Le directeur de la FSLE déplore qu’elles continuent de percevoir les étudiant·e·s comme des fêtard·e·s invétéré·e·s. Sans citer lesquelles, il regrette aussi que certaines communes refusent purement et simplement d’accueillir des résidences d’étudiant·e·s à cause du manque à gagner fiscal.

Envisager la coloc’ avec un sénior

Genève, une solution originale a été trouvée pour pallier cette pénurie de logements étudiants. Le programme 1h/m2 crée des tandems entre des étudiant·e·s et des seniors. Les personnes âgées offrent une chambre contre une participation de 100 à 150 francs pour les charges et entre 3 et 5 heures de coups de main par semaine. Cette année, 60 étudiant·e·s ont été logé·e·s, mais une dizaine d’entre eux·elles restent sur liste d’attente. Sabine Estier Thévenoz, chargée de projet chez 1h/m2, se félicite de cette formule: «cela crée de la solidarité entre les générations et permet à la fois de trouver des logements étudiants et de lutter, voire prévenir l’isolement social».

Farah l’a testé pour vous

Farah, étudiante à l’Unige en faculté de droit, a pu expérimenter la colocation avec une retraitée de 65 ans. Grâce à une annonce affichée à l’Uni Mail, elle a emménagé avec Jeannine*. Du fait de leur nature sociale, les deux femmes ont rapidement trouvé leur rythme. Cette expérience a sensibilisé Farah à la solitude des séniors: «je me suis rendue compte à quel point les personnes âgées pouvaient se sentir seules une fois que leurs enfants ne vivent plus avec eux·elles, ça lui faisait vraiment du bien d’avoir une jeune avec elle». Aujourd’hui, Farah vit en colocation avec sa meilleure amie. Mais elle garde contact avec Jeannine*, avec qui elle a développé une relation qu’elle qualifie d’exceptionnelle et rare. Pour trouver un logement, il faut donc prendre son mal en patience et l’anticipation est de mise. Un conseil d’Eran Shoshani de la FSLE: anticiper son inscription, et ne pas hésiter à postuler dès avril si possible.

*nom d’emprunt

Carlotta Maccarini

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