Rencontre avec Masvida

Photo : screenshot du court métrage Sur la Croix de Masvida (David Gonseth et Samuel Damiani), 2022

Propos recueillis par : Furaha Mujynya

Est-ce que vous suivez une formation de cinéma ? Si oui, laquelle et depuis combien de temps ?

David: On a deux formations différentes. Du coup, moi, je suis à l’ECAL en première année en cinéma, j’ai fait ma propédeutique, c’est l’année préparatoire. Et puis là je commence ma première année de bachelor.

Samuel: En soit, on a commencé Masvida quand j’ai commencé l’uni, au premier semestre, donc en vrai on n’a pas commencé à travers des études, c’était plutôt en autodidacte. Là, je fais un master en ciné avec spécialisation 120 crédits. Dans ce master là on fait un peu plus de pratique, on commence un peu, mais c’est surtout théorique ; l’histoire du cinéma etc. En vrai notre pratique a toujours été en parallèle de ça, même si on a des formations complémentaires maintenant.

Quels sont les avantages d’une formation officielle en cinéma, dans votre production de film ?

David: Déjà, que tu peux faire ça à plein temps. Dans le sens où, si t’enchaine avec un autre travail, si tu dois payer un loyer ou ce genre de chose, être indépendant, c’est compliqué de faire les deux. Et en vrai, faut pas se mentir, mais y’a le regard des parents aussi, ça les rassure ; Mon enfant, il fait du ciné mais il est encadré dans un truc un peu sérieux, c’est pas juste lui qui s’amuse avec sa caméra. Après, y’a tout l’aspect du matériel aussi, ce qui est cool c’est que tu peux en louer. T’as les studios à disposition et la formation en soi.

Samuel: De base je voulais quand même faire l’ECAL ou une école de ciné, mais en soi j’ai commencé l’uni, parce que j’ai pas été pris à l’ECAL et ça s’est vite enchainé et ça m’a plu aussi. Je dirais que l’avantage c’est que tu baignes tout le temps, là en tout cas je fais que ça, quand je me lève le matin je sais que je vais faire ça et c’est vraiment ce qui me passionne, au moins t’as tout le temps la tête dans le guidon.  Ça aide pour les parents mais aussi peut-être pour le milieu, ça peut être un tampon, ‘Ah ok il a une certification’ et ça va t’apporter des contacts etc. Mais en soi dans notre expérience, on était beaucoup plus indépendants des études et ça marche aussi très bien. Mais je pense que les études c’est aussi une manière de se rassurer et de se dire au moins je fais ça, du coup y’a une formation qui va déboucher sur un truc professionnel.

David: Pour les contacts aussi des gens de ce milieu-là, ça te permet d’être en contact avec d’autres étudiants, ça t’ouvre aussi tellement de portes, d’autres visions étant donné que le cinéma c’est un métier où t’es obligé de travailler en équipe, c’est hyper cool déjà à ce stade-là d’avoir un agenda hyper rempli.

Samuel: Mais t’as aussi les intervenants qui viennent à l’ECAL ou à l’Unil. Là j’ai un cours pratique du scénario avec une scénariste française qui est venue et puis on a aussi des trucs assez cools. Mais aussi t’as des cours bien précis, un enseignement de qualité sur un truc précis – que peut-être sur des tuto YouTube tu peux apprendre aussi comment faire et t’apprends aussi par l’expérience – mais c’est bien d’avoir des gens qualifiés qui t’apportent une vision, une manière de faire, etc…

David: La culture en soi ; je sais que l’ECAL nous pousse vraiment à regarder des œuvres que j’aurai jamais regardé. 

Samuel: C’est vrai qu’à l’Unil, j’ai bouffé trop de films, de textes, un discours sur la manière d’aborder des films. Ça t’ouvre aussi à ça et ça te force aussi d’aller dans des directions où tu ne serais peut-être pas allé.

Quelles sont vos influences (réalisateur·trice, genre de cinéma, pays, période) ?

Samuel: On regard beaucoup de films ensemble mais on a pas forcément les mêmes influences. Moi j’aime bien les films de Harmony Korine, un réalisateur américain, c’est vrai que ça m’a ouvert les portes à un cinéma un peu différent. J’essaie de voir un peu de tout.

David: J’ai toujours de la peine de répondre à cette question. Parce que je n’ai pas l’impression de suivre un genre de cinéma, qu’on ne suit pas un style de cinéma ou une période. On se fait influencer un peu par tout ce qu’on regarde.

Samuel: Récemment un truc qui nous a marqué les deux – on est allé au festival de Venise cet été, on a vu Bones and All, le nouveau film de Lucas Guadagnino, le réalisateur de Call Me By Your Name. Dans le genre, c’est un peu horrifique mais en même temps c’est un film d’amour, c’était trop stylé.

David: Ce genre de films un peu pleins de vie, où y’a vraiment tout un périple de personnages qui mélangent pleins de genres différents. 

Samuel: On aime bien les films qui inspirent vraiment la vie. Waves [de Trey Edward Shults], c’est un film qu’on kiffe les deux d’ouf. C’est un film assez récent. On a aussi pleins de références qui viennent d’anciens [films] mais c’est vrai que le cinéma qui se fait maintenant [nous plaît].

Dans la production de vos courts métrages, quels sont vos rôle(s) ?

Samuel: Généralement on se partage tous les rôles, après on est que deux comme équipe technique, donc basiquement on s’est dit que c’est lui [David] qui faisait l’image et moi le son sur le plateau. Mais après au niveau de la direction des acteurs c’est nous deux. Vraiment on essaye de tout taffer à deux, même l’image et le son.

David: Arrivé au stade final t’as juste besoin que quelqu’un tienne physiquement la caméra et que quelqu’un tienne physiquement le son, donc pour ça il faut se répartir les rôles mais en soit tout le travail se fait à deux, sur tous les plans. On va vraiment réfléchir l’idée de base à deux, on va écrire à deux, on va faire le découpage à deux et sur le tournage on va réfléchir l’image à deux, même si c’est moi qui actionne la caméra et vice-versa au niveau du son. Ça va être un travail complémentaire sur tous les aspects.

Samuel: Je pense on a aussi de la peine à déléguer le travail.

David: C’est aussi, vu qu’étant-donnée qu’on a commencé ensemble au même niveau, qui était le niveau zéro, y’avait aussi ce truc de : On voulait apprendre à tout faire, donc c’est aussi compliqué de se dire ‘bah vas-y allez occupe-toi de la lumière’ alors que t’as envie d’apprendre à faire la lumière, et c’est aussi en faisant que t’apprends donc forcément c’est hyper compliqué de se dire ‘vas-y fais ça tout seul’. 

Samuel: Typiquement, les quatre courts-métrages qu’on a sorti cet été, y’en a deux à David, deux à moi. En vrai on a taffé les deux comme on taffe d’habitude. On s’est dit vas-y toi t’écris ton truc et t’as peut-être plus une vision de réalisateur, et c’est peut-être plus ton projet – comme ça t’as plus une vision, un point de vue. Bien sûr, on s’est toujours aidé. Typiquement même sur les miens, c’était toujours moi qui faisais le son et lui [David] à la caméra – ça, ça ne change pas.

David: Mais y’avait quand même l’un des deux qui avait le dernier mot sur toutes les décisions. 

Samuel: C’était cool aussi mais en vrai ça n’a pas vraiment changé notre manière de travailler.

Quand et comment est-ce que le collectif Masvida a été créé ?

Samuel: Fin 2019, début 2020. Enfin, la première vidéo qu’on a mis en ligne était fin 2020.

David: En soit ça date de l’Australie ; pas Masvida en soit, mais l’envie de créer quelque chose à deux. On a fait la maturité bilingue en 2017-2018. On s’est rencontré là-bas – on était voisins à la base – mais c’est là-bas qu’on est devenu vraiment potes. Et du coup, c’est là qu’on a essayé une première vidéo, au téléphone.

Samuel: On a fait un court-métrage avec un téléphone. Après ça a quand même pris du temps avant qu’on s’achète du matos. On était aussi dans la même année au gymnase. Mais là je crois qu’on ne parlait pas trop de faire du cinéma. C’était vraiment à la fin [du gymnase]… Je crois que l’idée de créer un collectif est venue un peu naturellement, dans le sens où on voulait apprendre et à deux c’est toujours plus cool que de se lancer tout seul dans un truc.

David: Et le cinéma c’est un métier d’équipe donc si tu peux commencer avec un pote y’a rien de mieux. Je pense c’est aussi plus rassurant de te dire que tu es accompagné. 

Samuel: C’est pas toi [David] qui disait si on avait pas trouvé le nom de Masvida on aurait pas vraiment fait de collectif ?

Mais il vient d’où le nom ?

Samuel: En vrai c’est un peu un anagramme de nos deux prénoms, Mas (Sam) et Vida (David) et ‘mas vida’ ça veut dire plus de vie en espagnol et c’est un peu que la vie augmente en faisant du cinéma… On faisait tellement ça parallèlement à nos activités que c’était limite un autre niveau de vie qu’on s’est imposé mais c’est que du kiffe.

David: C’est très juste. Même par rapport aux influences, dans l’optique dans laquelle on fait les films c’est aussi…[Samuel] des moments un peu précieux de la vie, où tu sens que y’a plus d’ampleur. Ce principe que la vie augmente, ce truc vivant – même si souvent y’a de gens qui meurent dans nos courts-métrages.

Vous mettriez vos productions cinématographiques dans quel genre ?

Les deux: C’est souvent des drames, des thrillers, y’a souvent des problèmes un truc un peu dark.

Combien de courts métrages avez-vous déjà réalisé ?

Samuel: Une dizaine, je pense. Mais c’est que y’a beaucoup de projets qu’on a jamais sorti, des fois des trucs qu’on tourne mais qu’on a pas monté.

David: Mais typiquement – on était parti, presqu’une semaine, cinq jours à la montagne, dans un chalet, dans l’optique de tourner un court-métrage. On s’était dit : On a cinq jours pour trouver une idée, tourner et après on monte au retour. En vrai l’expérience était incroyable, c’était vraiment trop bien. On avait le chalet pour nous. Dans la neige, il faisait 0° ou -2° degrés. Les conditions étaient un peu compliquées.

Samuel: Y’a mon frère qui jouait, on l’a enterré dans la neige pour un plan et tout. Mais on ne l’a jamais sorti [le court-métrage].

David: On la même pas monté le truc.

Samuel: Y’a des trucs qui sont pas sortis, qui vont jamais sortir. Y’en a d’autres qu’on a prévu de sortir : Par exemple, «Sur la Croix» c’est le grand court métrage qui nous a pris tout l’été qui va bientôt sortir.

Vous avez gagné un prix pour votre court métrage «Sers-moi un Rêve» au festival Aventiclap, est-ce que vous pouvez nous en dire plus sur l’expérience ?

Samuel: C’était trop bien. On s’y attendait pas du tout, on l’avait déjà mis sur YouTube il y avait à peu près un an. On avait envoyé le court-métrage à l’organisateur du festival pour un retour et il nous avait dit : ‘Essayez de le présenter l’année prochaine’ et on a été pris. On a essayé qu’à celui-là et on est allé et on a ramené tous nos potes, notre famille. 

David: C’était trop bien, parce que tu fais des rencontres. On a rencontré Jacob Berger, un réalisateur suisse, avec qui on a gardé contact.

Samuel: C’était aussi la première fois qu’on voyait notre travail sur un grand écran.

David: Tu peux le défendre sur scène, le présenter. C’est un peu la vraie concrétisation d’un projet.

Samuel: Ça faisait bizarre un peu, vu que ça faisait quasiment un an qu’il était sorti.  [David: Tu redécouvres presque ton projet]. «Sers-moi un Rêve», on l’adore maintenant, mais c’est vrai que quand on l’a fait c’était hyper instinctif. Donc il y a pleins de trucs qui sont pas mal amateurs. Du coup c’était dur de défendre un projet alors qu’on avait déjà un peu passé à d’autres choses.

David: C’était notre premier ‘gros’ projet. Dans le sens, qu’on avait fait ça pendant les vacances d’été, ça nous avait pris plus de temps que nos autres projets. Vu que nous, on est en train d’apprendre, qu’on est au tout début de notre ‘carrière’, on évolue assez rapidement. D’un projet à un autre, on apprend tellement de choses, parce qu’on a encore tout à apprendre. Donc forcément quand tu finis un projet, tu as déjà appris tellement de tes erreurs que y’a des trucs de ton projet dont t’es plus trop fier. Donc un an après, t’as un peu l’impression que c’est un truc que t’as fait il y a dix ans.

Samuel: D’ailleurs là ils l’ont fait cette année, puis ils nous ont réinvité à la cérémonie d’ouverture parce qu’on s’est tou·te·s bien entendus. Il y avait vraiment une bonne ambiance et de bons souvenirs. C’est vrai qu’aussi la victoire ça nous a permis d’avoir une marque ou un tampon. Même si y’a pleins de gens [avec qui on travaille] qui nous connaissent, là on nous prend plus au sérieux. C’est aussi plus simple maintenant de se présenter, parce que là y’a vraiment une carte de visite reconnue.

David: Même quand t’approches des acteur·rice·s pour qu’il·elle·s jouent dans tes projets, c’est plus rassurant pour eux·elles de se dire : ‘Ok ils ont présentés en festival, ils ont gagnés en plus, je me lance avec des gens qui font ça sérieusement’. C’est vrai qu’il y en a beaucoup qui ne font pas ça sérieusement et c’est juste une perte de temps.

Comment trouvez-vous des acteur·rice·s pour filmer vos projets ?

David: Soit tu fais une annonce sur les réseaux sociaux que tu cherches un profil, soit on cherche sur des sites.

Samuel: Je remarque qu’on ne s’est jamais disputé sur un choix de casting. Et des fois, on écrit des rôles pour des gens qu’on n’a même pas encore contacté. 

David: C’est aussi plus facile quand t’as quelqu’un en tête et que quand t’imagines la scène t’as déjà un visage clair en tête. 

Samuel: Je crois qu’on a fait une seule fois des vrais castings, où on a auditionné plusieurs gens pour un même rôle. J’avoue que l’expérience n’était pas top non plus, j’ai l’impression qu’il faudrait qu’on l’aborde différemment. Parce que de base c’est vraiment qu’on a des acteurs fétiches, avec lesquels on aime bien jouer. C’est souvent – on écrit un truc pour quelqu’un et on lui envoie dès que c’est écrit et on lui dit : ‘ouais s’il te plaît tu peux faire ça et tout’ et ça a toujours marché, je crois on a jamais pas eu quelqu’un qu’on voulait.

Est-ce facile ?

Samuel: Je dirais que ça peut être assez compliqué. On tourne souvent avec les mêmes personnes donc ça peut être dur de chercher quelqu’un de nouveau. Dans «Sers-moi un Rêve» y’avait zéro vrai acteur – c’était nos potes, mon frère, mon père. Du coup, on a quand même l’habitude de travailler avec des gens qui ne sont pas acteur·trice·s de base. On a plus du mal à travailler avec des vrais acteur·trice·s, lorsque c’est leur métier et aussi juger qui va correspondre à un rôle etc.

David: C’est aussi par rapport à l’ambiance du tournage et l’optique dans laquelle on tourne. On est toujours attiré par des gens qu’on connait, parce qu’on essaye vraiment de créer une ambiance à la cool, où tout le monde prend du plaisir et effacer un peu ce truc de ‘travail’. Donc instinctivement on se tourne vers les mêmes acteur·trice·s avec lesquel·le·s on sait que ça matche trop bien.

Samuel: À notre niveau, en tout cas, on a peut-être peur ou on se sent pas forcément légitime d’aborder des gens connus au niveau de l’acting et de leur proposer de venir jouer […] Nous, on tourne chez nous. Ce n’est pas très ‘professionnel’. Quand on a commencé y’avait donc peut-être une gêne d’appeler quelqu’un du milieu et de travailler de manière vraiment hyper carrée. On est hyper carré, mais on va plutôt créer un esprit de famille sur le tournage.

Considérez-vous qu’il existe suffisamment d’opportunité en Suisse pour que les jeunes réalisateur·trice·s montrent leur travail au public ?

Samuel: Nous, notre court-métrage [«Sur La Croix»] on a essayé de l’envoyer mais après c’est vrai que c’est plutôt à des festivals en France. En Suisse, pour les ‘amateur·trice·s’, c’est un peu moins accessible. Après si tu veux être dans les festivals, ce sont des trucs assez institutionalisés. Il y en a pleins quand même – Locarno, le NIFF, Visions du Réel. Il y a vraiment pas mal de festivals qui font la promotion de court-métrages. Mais c’est vrai qu’après, typiquement les court-métrages de la HEAD et de l’ECAL rentrent plus facilement, parce que y’a une marque, un tampon qui dit que ça a été fait en école. Mais si on fait des court-métrages autoproduits, il y a un peu moins de chance [d’être pris], simplement parce qu’il y a tellement de choses envoyées, qu’on n’a pas vraiment un nom [ou une institution derrière nous] et que la qualité est peut-être aussi en dessous. Après il y a quand même pas mal d’événements qui se font autour du cinéma amateur ; que ce soient des projections privées et autres.

David: Y’en a pas mal, mais après c’est aussi une question de format – c’est très régulé. Quand t’es dans une tranche de 15-20 minutes, dans certains festivals, ils vont dans tous les cas pas te prendre parce que y’a tout un système, un programme – et t’empêche d’en mettre trois de 5 minutes. Donc en soit tu peux être pris dans n’importe quel festival, mais il faut bien réfléchir à l’avance à ton format, ton sujet.

Samuel: Après vraiment pour le côté amateur; si t’as une boîte de production associé à ton projet t’as directement plus de chance.

Est-ce que vous voyez poursuivre une carrière à Lausanne ou en Suisse ?

Les deux : oui

David: Déjà en terme de formation – elles sont tellement poussées les formations en Suisse. On a tellement de chance en termes de matériel, de contacts et même de financement. On a la chance d’avoir un pays si petit, que forcément le milieu est également petit. Y’a un truc où tout le monde se connaît, donc tu fais deux fois les festivals pour limite connaître tout le milieu – évidemment je grossis les traits, mais c’est un peu ça. Du moment que tu travailles avec une personne, tu la recroises à un festival, elle te présente les gens avec qui elle est et assez rapidement tu crées ta toile de contact, ce qui peut être plus difficile de faire à Paris, par exemple.

Samuel: En tout cas pour nous, je pense qu’on a encore pleins de cartes à jouer en Suisse, soit travailler avec une boîte de production pour faire un court-métrage ou un long-métrage avant d’aller peut-être se délocaliser, ça fait pas trop de sens maintenant. Après s’il y a une opportunité pourquoi pas.

David: On est pas pressé de partir.