Les mains derrière Balélec

Image : ©Balélec

Propos recueillis par : Ylenia Dalla Palma

INTERVIEW • Chaque année depuis maintenant exactement 40 ans, se tient l’un des plus gros festivals estudiantins d’Europe sur le campus même de l’EPFL : Balélec. Mais qui nous permet de remplir notre tête de souvenirs tous plus beaux les uns que les autres ? L’auditoire est allé à la rencontre de Andréa Montant, l’une des vice-président·e·s au comité du festival.

Tout d’abord, comment as-tu eu envie de devenir bénévole pour Balélec ?

Alors, je ne suis pas très représentative parce que je suis passée par la porte de comi-staff, qui est le bras droit d’un·e membre du comité qui n’arrive qu’au deuxième semestre. C’est une amie de mon grand-frère qui avait besoin de quelqu’un de jeune pour renouveler le comité, enthousiasmée à l’idée, j’ai dit oui. Mais pour te donner une idée du parcours un peu plus représentatif, généralement, on envoie une communication en expliquant ce qu’est Balélec, avec des aftermovies pour donner envie. Les personnes intéressées nous contactent et on leur fait passer des interviews. À l’issue de ce parcours, on décide qui fera partie de notre équipe.

Souvent, les personnes qui souhaitent faire partie de l’organisation de Balélec le font car cela change du milieu estudiantin. C’est une organisation qui est assez pro, tout en ayant une belle ambiance de famille. On a notre local où tout le monde peut venir traîner. On a aussi une énorme communauté d’ancien·ne·s, c’est-à-dire que dès que quelqu’un a fait partie de Balélec une année, il·elle reste affilié·e à l’organisation. Ce sont des gens essentiel·le·s pour nous, puisque ça nous permet de fonctionner sur un mode de transmission de savoir-faire de génération en génération. Particulièrement, pour ce retour post-COVID, ils·elles sont important·e·s pour briefer les nouveaux·nouvelles du comité.

D’ailleurs, avez-vous des attentes en tant que bénévoles pour ce retour en présentiel post-Covid ?

En 2020, on s’était fait prendre de court car on avait été annulé·e·s juste avant le festival à cause du COVID, alors que tout était presque prêt. Donc, sur le moment on a décidé de faire une édition en ligne. Mais cette édition n’a pas eu beaucoup de succès puisque les festivalier·ère·s sont évidemment plus adeptes du réel que du virtuel.

En 2021, on était dans le doute durant toute l’année, étant donné que les mesures COVID n’arrêtaient pas de changer. C’était un moment difficile pour l’équipe, notamment pour trouver de la motivation, sachant qu’on risquait d’être annulé·e·s à tout moment. Les ancien·ne·s ont là aussi été très important·e·s pour nous. Finalement, nous avons pu faire Balellipse. C’étaient des petits concerts répartis sur le campus, ce qui nous a permis de retrouver nos valeurs de base, notamment en promouvant des artistes locaux·les.

Nous sommes donc très heureux·ses de pouvoir organiser cette édition en présentiel et de retrouver l’ambiance du festival.

Pourrais-tu me parler un peu de l’organisation du comité ?

Dans le comité, nous sommes 60 en tout. Il y a l’équipe administrative qui gère la stratégie du festival et qui est composée d’un président et cinq vice-président·e·s qui sont responsables de différents pôles. Il y a le pôle Finances qui gère toutes les questions de comptabilité et de sponsoring, le pôle Opération qui gère toutes les problématiques liées à la foule pendant la soirée (sécurité, flux, accréditations…), le pôle Logistique pour tout ce qui est montage d’infrastructures sur le site (éclairage, barrières, scènes,…) et le pôle Affaires Artistiques pour tout ce qui touche à l’identité visuelle ou musicale du festival. Enfin il y a deux postes transversaux qui gèrent les relations publiques et l’amélioration continue.

J’ai lu que vous aviez une charte suite aux témoignages de faits sexistes sur le campus. Est-ce que le comité a prévu de mettre quelque chose en place lors du festival ?

C’est une chose à laquelle on avait pensé́ depuis plusieurs années et dès 2020, on a créé un poste de responsable pour réfléchir à cette question. Lorsque les problématiques de sexisme et de harcèlement à l’EPFL ont commencé́ à être dénoncées, plusieurs associations du campus ont rédigé cette charte, que nous avons signée sans hésitation. En faisant des recherches, nous nous sommes rendu·e·s compte à notre plus grande surprise qu’il n’y avait pas grand-chose qui avait déjà été mis en place dans les autres festivals. C’était donc un vrai défi que de trouver des solutions. Ensuite, nous avons réfléchi à quelles mesures prendre concrètement dans le cadre de notre festival. Pour le moment, nous avons renforcé́ toutes nos communications et formations sur le sujet, que ce soit sur nos réseaux sociaux pour le public, au sein de nos staffs, pour les personnes qui tiennent les stands ou pour les membres du comité́. Il y a aussi des procédures sécuritaires précises impliquant des professionnel·le·s qui sont formé·e·s à agir dans ce genre de situation. Nous réfléchissons à d’autres projets qui seront implémentés pour les futures éditions également. Autrement, la problématique est présente dans tous les postes, on peut citer par exemple l’éclairage du site qui permet d’éviter toute zone sombre propices à des comportements malveillants.

Par rapport aux artistes, comment les choisissez-vous ?

En début d’année, on réfléchit à notre public cible, qui sont majoritairement les étudiant·e·s. On regarde les artistes qui tournent au moment du choix, les écoutes sur Spotify ou d’autres plateformes ou encore les articles de presse pour tenter d’esquisser les préférences du public. Concernant la recherche, ce sont les programmateur·ice·s qui sont le point de contact, un·e par scène. On essaie donc d’avoir des personnes qui s’y connaissent en différents styles musicaux pour plus de diversité. Pour cette année, cela me tenait à cœur d’avoir un maximum de groupes locaux, et d’artistes qui pouvaient ne pas venir en avion par souci de durabilité. On a aussi cherché à avoir de la parité au sein des artistes, mais cela a été difficile car les artistes féminines ont de plus gros cachets que leurs homologues hommes du même niveau. Nous avons finalement cette parité grâce à de plus petites artistes montantes dans lesquelles nous croyons !

Comment fais-tu pour gérer ton temps entre tes études et Balélec ?

À mes débuts en tant que comi-staff, cela ne me prenait pas tant de temps que ça, puisque mon rôle était d’alléger celui de ma référente de comité, surtout que j’étais encore en première à l’EPFL. En revanche, quand tu passes en comité tu es obligé·e d’organiser ton temps entre les cours et l’association. Ces temps-ci, à l’approche du festival, avec mon binôme on reçoit environ 200 mails par jour à l’approche du festival, et j’y passe donc environ 8h par jour. Mais c’est aussi parce que ça nous passionne énormément ! Ça prend le temps que tu lui donnes. Bien sûr c’est très variable selon les postes au comité.

Que dirais-tu que cette expérience t’apporte sur le plan personnel ?

Personnellement, je suis arrivée à Balélec intimidée par la taille de l’association. En faire partie m’a aidée à prendre confiance en moi. Tu as beaucoup plus de responsabilités et donc tu es obligé·e d’oser y aller. Par exemple, à l’époque, je gérais les loges, donc c’était important que j’aie assez confiance en moi. Puis, en devenant vice-présidente, se sont ajoutés les enjeux stratégiques et plus de la gestion humaine, ce qui m’a énormément fait grandir. Je me suis prise une sacrée claque mais ça permet d’apprendre à gérer les émotions et le travail. Ce qui est sûr, c’est que cela apporte beaucoup de bonheur et de belles amitiés. Je remercie Balélec pour cet aspect-là.

Finalement, quel est ton plus beau souvenir de Balélec ?

C’est une question difficile, haha ! Le premier, c’est quand j’étais responsable des loges. On avait aussi accès aux backstages, et avec mon amie on a pu regarder le concert de Meute depuis tous les angles. C’était un petit moment de pause dans la soirée très rafraîchissant. Je me suis vraiment rendu compte de l’ampleur du festival à ce moment-là et j’en étais fière. Le deuxième, c’était Balellipse. Étant donné que c’était un moment assez dur pour le comité et qu’on était en pleines montagnes russes émotionnelles, pouvoir concrétiser un projet comme Balellipse était une bouffée d’air frais et d’espoir dans cette ambiance COVID. C’était super fort pour moi de voir à nouveau les gens motivé·e·s. Ensuite, le moment que j’adore lors de Balélec, c’est la fin de la semaine de montage. On est tous·te·s fatigué·e·s, on dit n’importe quoi mais on est ensemble, heureux·ses de ce qu’on a réalisé. C’est ce que j’ai le plus hâte de retrouver.

Plus d’infos : https://balelec.ch/fr/

Le comité vous conseille de venir en avance (1h d’attente environ)

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