Humour subtil ou problématique du divertissement ?
Photo : ©Monica Garniga
Rédigé par : Marine Fankhauser
FICTION · Les dessins animés sont appréciés par tou·te·s pour leur côté léger. Pourtant, certaines séquences semblent réservées à un public plus averti. Humour choquant, heurtant ou simplement gouailleur ? Décryptage.
Qui n’a jamais revu une séquence de son dessin animé préféré et s’est aperçu d’une toute autre signification des répliques ou scènes qui se déroulaient sous ses yeux ? Le décalage parfois incongru entre ce que l’on voit et ce que l’on perçoit est la preuve que le public cible n’est pas forcément haut comme trois pommes. Tom & Jerry, Les Simpson ou encore les vieilles productions de Disney pour ne citer qu’elles,en sont un bon exemple.
Une chasse aux easter eggs
Le phénomène de redécouvrir une scène culte de notre enfance et de s’apercevoir soudainement d’un tout autre sens, jusqu’alors caché mais qui désormais s’offre à nous, a un nom : en anglais, on parle notamment d’easter egg, littéralement « œuf de Pâques ». Il s’agit de petits indices disséminés tout au long du dessin animé ou du film, que l’on ne remarque pas forcément au premier abord et que l’on se plaît pourtant à chercher, comme une chasse aux trésors – ou aux œufs de Pâques.
Cependant, si l’humour « pour adulte » que l’on ne comprend qu’une fois un certain âge atteint prête à sourire, d’autres catégories d’humour se révèlent plus problématiques. En effet, regardez un film avec Louis de Funès, par exemple Le Gendarme et les Gendarmettes de 1982 (ce n’est pas si vieux que ça !) et vous verrez que se mêlent blackface, racisme et machisme dans une séquence d’à peine quelques secondes… De quoi s’interroger sur les œuvres, et sur la question de savoir si elles sont toujours visionnables, voire diffusables des années plus tard.
Un humour qui ne passe plus ?
Aujourd’hui, dans le monde du livre, une nouvelle catégorie de lecteur·ice·s a récemment fait son apparition: les sensitivity readers. Ce sont une nouvelle catégorie d’éditeur·ice·s, qui relisent des œuvres, nouvelles ou parfois depuis longtemps parues, afin d’analyser et de lisser le texte. Pour l’instant, il·elle·s sont surtout présent·e·s sur le marché anglo-saxon du livre.
Leur mission ? Traquer des passages, ou mots, qui pourraient heurter des minorités ethniques ou sexuelles. Récemment, leur travail a fait polémique lorsqu’une maison d’édition britannique a annoncé que les livres de l’écrivain Roald Dahl allaient être réédités et les mots « offensants » supprimés. Quels sont les mots en question ? « Moche » et « gros » notamment, pour ne citer qu’eux. En réalité, beaucoup de mots dans notre langage courant sont désormais sujets à réflexion quant à leur impact sur une jeune génération et sur les discriminations que ces derniers peuvent véhiculer… affaire à suivre.