Coqs en stock

Illustration : ©MAH Musée d’art et d’histoire, Ville de Genève. Ancien fonds

Rédigé par : Killian Rigaux

COMBAT • Les duels de coqs, faisant partie intégrante de la culture Sud-Est asiatique et de certains départements français, sont remis en cause dans ces derniers. Tour d’horizon de l’histoire d’une pratique millénaire.

Plus de 46’000 (17.09.2022) internautes Français·es souhaitent que leur emblème national ne soit plus l’objet de combats dans des gallodromes, d’après une pétition lancée par la militante Gabrielle Paillot. Les duels de coqs sont déjà interdits dans la plupart des départements mais demeurent dans le Nord, le Pas-de-Calais, la Martinique et la Guadeloupe, où ils sont considérés comme traditionnels. Ils sont ainsi autorisés, au même titre que les corridas ailleurs en France. Lors des combats, deux coqs s’affrontent devant leurs propriétaires et l’arbitre dans une arène bordée de parieur·euse·s.

Une pratique royale
Si le coq provient d’Asie du Sud-Est, où il a été domestiqué aux alentours de 6000 av. J-C., les traces des premiers combats documentés apparaissent dans le monde grec, au milieu du VIIe siècle av J.-C., d’après le magazine L’Histoire. La revue mensuelle rapporte que les propriétaires de coqs de l’époque les nourrissaient alors d’ail pour stimuler leur agressivité. Les confrontations rassemblaient aussi les parieur·euse·s, qui misaient sur le sort des créatures dont la vie est estimée à quatre ou cinq combats. Les combats ne sont pas restés cantonnés au pourtour méditerranéen et ont notamment gagné l’Angleterre. Une gravure de William Hogarth effectuée durant la guerre de sept ans, Le combat de coqs, décrit une confrontation dans l’arène royale du parc londonien de St James.

Des combats remis en cause
Les duels de coqs sont aujourd’hui loin de leur stature royale passée. L’association de défense des droits des animaux Stéphane Lamart dénonce une pratique « douloureuse pour les coqs à la fois dans sa phase de préparation et dans le déroulement des combats ». L’association déplore la préparation des coqs antillais, qui sont notamment en partie plumés et enduits de rhum. Les conditions de vie des gallinacés, isolés de leurs congénères, sont aussi dénoncé·e·s. Pour leur partisan·e·s, la pratique n’est nullement barbare, les coqs ayant une tendance naturelle à se battre lorsqu’ils aperçoivent d’autres mâles. Lors des combats, les coqs sont par ailleurs équipés d’ergots en corne ou en métal – souvent acérés, comme l’illustre un fait divers rapporté le 27 octobre 2020 par Le Matin : un policier philippin a été tué lors de l’interruption d’un combat illégal, un ergot lui ayant sectionné l’artère fémorale. Bien que moins mortel, le combat de reines avait aussi été remis en cause au mois de mai 2022 par la branche suisse de l’association PETA (People for the Ethical Treatment of Animals). L’initiative française s’inscrit ainsi dans la lutte actuelle de protection des animaux, opposant à nouveau le bien-être animal aux coutumes.