COVID-19: et après?

ÉCONOMIE · Durement touchée par la pandémie actuelle, l’économie mondiale retient son souffle. L’heure est maintenant aux mesures d’aide de la part des gouvernements, afin d’éviter une crise économique encore pire que sanitaire.

«Pandémie d’une ampleur sans précédent», «crise sanitaire mondiale» ou encore «crise du siècle»: nombreux sont les superlatifs pour qualifier ce que nous vivons actuellement. Un chiffre pourrait résumer l’ensemble de la situation: depuis début avril, plus de trois milliards de personnes sont ou ont été touchées par des mesures de confinement à des degrés plus ou moins stricts. Notre quotidien s’en retrouve bouleversé, et ce n’est pas sans conséquence pour l’économie mondiale, qui tourne au ralenti depuis maintenant plusieurs mois. Pour ralentir l’épidémie, le nombre d’interactions sociales doit être divisé par quatre selon un consensus de scientifiques, alors plus question de multiplier les sorties hebdomadaires. Restaurants, bars, compagnies aériennes et de transport, commerces en tous genres et le tourisme ont aussitôt été les premiers à essuyer les pertes et parfois à déposer le bilan. Même avant que des assouplissements des mesures aient été décrétés en Suisse – ils l’ont été par le Conseil fédéral, qui a la maîtrise effective de cette crise, comme le prévoit la Loi fédérale sur les épidémies, entrée en vigueur en 2016 -, le pays, similairement à ses voisins européens et comme le monde entier, a plongé inévitablement dans une crise économique. Il s’agit maintenant de réduire au minimum les effets des mesures d’urgence.

Une ampleur mondiale

La crise économique qui nous guette est inévitable parce que depuis voilà plusieurs semaines, des secteurs entiers sont mis à l’arrêt. Chaque pays se distingue grâce à des infrastructures différentes pour répondre à des situations tendues et encaisser des chocs plus ou moins rudes, mais l’enjeu majeur pour tous est désormais de «limiter la casse» le plus possible, de manière à ce que la crise ne soit ni trop sévère ni trop longue. Cette crise ne ressemble à aucune autre de notre Histoire récente : la crise dite des subprimes de 2008 a été causée par l’effondrement d’une bulle immobilière et, maintenant presque un siècle auparavant, le krach boursier de 1929 était dû à l’implosion d’une bulle spéculative. Il faut dire que depuis la grippe espagnole, qui a frappé le monde entre 1918 et 1920, de l’eau a coulé sous les ponts et le monde n’a plus affronté de pandémie de cette ampleur, jusqu’à aujourd’hui.  Dès lors, il est difficile d’estimer l’ampleur de la crise attendue. Un exemple: en mars dernier, le SECO (Secrétariat d’État à l’Économie) prévoyait comme première estimation un recul du PIB de 1.3%. Désormais, depuis mi-avril, le SECO s’attend bien plutôt à ce que le PIB se contracte de 7 à 10%. «Les récessions sont déclenchées habituellement par une contraction de la demande globale», explique Claudio Sfreddo, de HEC Lausanne. «Dans de tels cas, il suffirait de stimuler la demande pour que l’économie reparte. En revanche, la récession que nous vivons maintenant touche les deux côtés de l’économie : la demande et l’offre».

La Suisse au ralenti

La Suisse est partiellement à l’arrêt depuis les premières mesures ordonnées par le Conseil fédéral à la mi-mars. En effet, les écoles, les restaurants et tous les commerces non indispensables ont dû fermer du jour au lendemain. De nombreux secteurs se retrouvent donc avec des diminutions brutales du taux d’activité, parfois de plus de 50%. L’une des priorités du gouvernement est désormais clairement affichée: il faut aider les PME (petites ou moyennes entreprises) et les indépendants, notamment, à faire face. Pour cela, la Confédération a alloué un montant de plus de 60 milliards d’aide. «Les mesures à prendre sont celles qui permettent aux entreprises de survivre malgré la baisse de l’activité, de façon à ce qu’elles puissent reprendre leur l’activité une fois que la demande redémarrera», souligne Claudio Sfreddo. «Les mesures d’aide aux entreprises décidées par la Confédération vont donc dans la bonne direction», conclut-il. Cependant, les indépendants et les PME ne sont pas les seuls à être en peine. Le secteur aérien affiche des pertes spectaculaires, d’autant que de nombreuses compagnies dites «low-cost» tablent sur des taux de remplissage proches de la saturation pour réaliser leur bénéfice. Les start-ups se retrouvent également fragilisées et en péril. Le gouvernement est cependant forcé de procéder par tâtonnements. Il ne faut pas non plus négliger la situation sanitaire au profit de la situation économique: un autre écueil qu’il faudra éviter est un retour de flammes et une deuxième vague de l’épidémie, dans les semaines qui suivront les mesures d’allégement du confinement.

Marine Fankhauser

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