La Micro-Harmonie: un projet de Stéphane Pecorini

Le monde de la musique amateur regorge de projets originaux et inédits. La Micro-Harmonie, ensemble d’excellence composé de jeunes musiciens de la région de la Côte, en est un. Rencontre avec Stéphane Pecorini, l’homme à l’origine du projet et le directeur de l’ensemble.

Pouvez-vous expliquer en quelques mots le projet Micro-Harmonie pour nos lecteurs qui ne sont pas forcément musiciens?

Il s’agit d’un ensemble d’excellence, composé d’instrumentistes à vent et percussion, qui regroupe cette année une cinquantaine de musiciens, tous investis et passionnés et qui ont envie, en peu de temps, de monter un programme relativement difficile.

Comment est né le projet?

Lors d’un camp de la Société cantonale des musiques vaudoises (SCMV) auquel je participais, j’ai été épaté par le talent des jeunes musiciens vaudois. Et il faut savoir qu’en Suisse romande, les ensembles d’excellence sont peu nombreux. J’ai donc eu envie d’en créer un, afin de réunir tous ces talents! J’en ai ensuite parlé à Nicolas Mognetti, Robin Bartholini et Gabriel Pernet, trois jeunes étudiants musiciens. Ils m’ont aidé à concrétiser le projet.

Un ensemble d’excellence, qu’est-ce que cela signifie exactement?

Dans le monde amateur des instruments à vent, il y a différentes catégories pour les concours, qui vont de la quatrième division pour la plus basse, à l’excellence qui est la plus haute. En catégorie excellence, les compositeurs n’ont pas de limites, ils font ce qu’ils veulent. Cela n’implique pas nécessairement que les morceaux seront compliqués techniquement, simplement que leur créateur n’est pas restreint.

©Laurent Pasche

Comment fonctionne la Micro-Harmonie?

Le but est de se retrouver une fois par année, le temps d’une semaine, pour faire de la musique à fond. Le délai est certes court, mais il permet de créer des liens entre les musiciens. En musique, les après répétitions sont aussi importantes que les répétitions elles-mêmes (rires)! En parallèle, la commission musicale et moi-même choisissons chaque année un programme, centré autour d’une thématique. Et depuis l’année dernière, nous avons la chance d’avoir un comité qui se charge de tout ce qui est administratif.

D’où la Micro-Harmonie tire son nom?

À l’origine, il s’agissait de ne pas se mettre la pression sur le nombre de musiciens. La Micro-Harmonie était presque conçue comme un orchestre de chambre, avec un seul musicien par voix. La première année, nous étions une trentaine sur scène, la seconde quarante et cette année, nous serons quarante-huit. Cependant, nous sommes encore une «micro» harmonie d’excellence, car nous avons toujours un seul musicien par voix. En réalité, nous avons rapidement remarqué que même avec une personne par voix, nous dépasserions les trente musiciens. Et nous restons bien loin des effectifs des autres excellences, qui comptent en moyenne septante à huitante musiciens!

La Micro-Harmonie est donc une harmonie dite «à projet». En Suisse, il y a de plus en plus d’ensembles de ce type. Comment expliquez-vous cela? Cela signe-t-il la fin des sociétés «traditionnelles», comme les Fanfares, Brass Bands, etc., qui pratiquent la musique toute l’année?

C’est effectivement dans l’air du temps. Les personnes qui s’inscrivent pour ce type de projets ont en général une vie bien remplie, avec déjà une ou deux Fanfares à leur actif. Ce qu’ils recherchent, c’est un projet court et efficace, dans lequel ils peuvent s’investir de manière ponctuelle. Pour autant, je ne pense pas que les sociétés «traditionnelles» seront amenées à disparaître. À mon avis, les deux modèles perdureront.

Est-il difficile pour vous de recruter des musiciens pour chaque édition?

Cela dépend du registre, on trouve moins facilement des bassonistes que des clarinettistes, par exemple. Mais c’est aussi dû à la manière dont ces instruments sont représentés de façon générale. Malgré cela, en soi, le recrutement s’est toujours fait assez facilement. J’ai laissé le soin aux jeunes qui ont fondé la Micro-Harmonie avec moi de chercher des personnes intéressées parmi leurs amis. Ils ont un plus grand réseau que moi (rires)! Et j’aime bien que les gens se connaissent un petit peu avant de jouer ensemble.

©Yves Messerli

Le programme est compliqué à exécuter et il n’y a pas beaucoup de répétitions prévues. Les musiciens qui participent sont-ils donc tous professionnels, ou y a-t-il également des amateurs?

Il n’y a qu’un seul musicien professionnel, au tuba. Pour le reste, la moitié de nos musiciens sont des étudiants en musique, donc en passe de devenir des professionnels. L’autre moitié, ce sont des amateurs particulièrement doués, et qui aiment le challenge!

Comment choisissez-vous vos pièces?

C’est la commission musicale qui s’en charge. Nous nous réunissons, nous proposons et écoutons des pièces. Le reste se fait de manière totalement démocratique (rires)! Nous essayons d’orienter le programme autour d’un thème. Cette année, nous interpréterons des morceaux d’Oliver Waespi, Franco Cesarini et Jean Balissat, qui sont tous trois des compositeurs suisses. Les deux premiers nous sont tout à fait contemporains, le troisième est malheureusement décédé. Mais il est reconnu pour avoir écrit la musique de la Fête des Vignerons de 1977!

S’agit-il justement d’un clin d’œil à la Fête des Vignerons?

À la base, non. Mes collègues de la commission musicale ont tous adoré ce morceau et étaient emballés à l’idée de le jouer. C’est seulement par la suite que nous nous sommes rendu compte que nous étions l’année de la Fête. Disons que ça tombe plutôt bien!

La Micro-Harmonie en est aujourd’hui à sa troisième édition. Comment voyez-vous son avenir? Le but est-il de ne conserver qu’un seul projet par an?

Oui, car ce qui fait la force de la «Micro», c’est justement ce côté ponctuel. Cela évite la lassitude. Bien sûr, le projet peut évoluer, il peut par exemple changer de date, avoir un autre but. J’ai d’ailleurs des idées pour l’année prochaine…que je ne révélerai pas ici bien sûr (rires)!

Assistez aux concerts de la Micro-Harmonie le 26 avril à 20h00 au Théâtre de Marens à Nyon, et le 28 avril à 17h00 au Forum de Savigny!