Crimes suisses: un podcast sang pour sang vrai

PODCAST – Parmi la variété de podcasts disponibles sur les plateformes d’écoute, les true crimes, ou affaires criminelles vraies, semblent trouver leur public. De son côté, la RTS nous plonge dans le passé noir de notre histoire, avec Crimes suisses.

Après Hondelatte raconte sur Europe 1 ou L’heure du Crime sur RTL, le genre documentaire du true crime a encore frappé. Disponible depuis janvier 2024, Crimes suisses est la nouvelle série audio de la RTS mettant en lumière les affaires sanglantes qui ont marqué nos coins de pays, dont certaines inédites. Proposées par le journaliste Antoine Droux, ces histoires lèvent le voile sur un passé oublié ou que l’on préfère parfois occulter. Or, ce podcast tend, au contraire, à nous faire écouter «des histoires qui nous tendent un miroir», comme l’affirme son auteur.

Entre fascination et appréhension

Aux yeux du narrateur, si la pulsion du crime est ancrée dans la nature humaine, l’intérêt médiatique que suscitent ces histoires réside dans le passage à l’acte et les raisons qui ont amené à le commettre. Outre un effet cathartique, s’intéresser aux crimes ne s’apparente pas à de la curiosité morbide, mais permet, selon lui, de «mieux comprendre l’humain et d’appréhender la fragilité de nos sociétés». Dans Crimes suisses, l’attrait est renforcé par la proximité et l’aspect local des affaires relatées qui nous rappellent que la violence est bel et bien présente à côté de chez nous, dans cette Suisse habituellement perçue comme tranquille et bien rangée.

Raconter la Suisse autrement

Faire entendre le pays en retraçant des époques, des lieux et des affaires symptomatiques, telle est l’intention de ce podcast, qui tient à aller au-delà du fait divers lui-même et nous en apprendre davantage sur l’évolution d’un contexte, qu’il soit scientifique, judiciaire, politique ou sociétal. Le récit est d’ailleurs suivi d’une interview d’un·e expert·e, afin de souligner les enjeux de l’affaire. Cependant, Crimes suisses «n’a pas la prétention de se substituer à la justice», précise Antoine Droux. Les enquêtes traitées doivent donc avoir un début, un milieu et une fin, qu’elles soient résolues ou prescrites. Épaulé par un recherchiste, il s’appuie sur la documentation publique existante et des bases de données d’archives pour la rédaction des épisodes. Jusqu’à présent, le podcast est consacré à des affaires contemporaines – hors de l’actualité – et romandes, bien que le journaliste n’exclue pas de se pencher du côté alémanique. Il n’en demeure pas moins que Crimes suisses est un format exportable dans le reste de la francophonie, moyennant quelques adaptations de termes helvétiques.

Une mise en ondes immersive

Un peu plus de six jours sont nécessaires pour concevoir un épisode de Crimes suisses, durant lesquels Antoine Droux identifie l’affaire, se plonge dans la documentation, écoute puis procède au montage des archives sélectionnées, établit une chronologie des faits et recherche un·e invité·e, avant de rédiger l’histoire et de l’enregistrer. Le true crime étant par définition une mise en récit du réel, plusieurs éléments contribuent à l’immersion sonore recherchée par le podcast: les archives contextuelles enrichissent le cadre de l’histoire et une musique originale a été composée par la designer sonore Renée Jeanne Acquaviva. La particularité tient au fait que les motifs de cette trame sont remixés, selon les scènes du récit, par le réalisateur radio David Golan. Cette démarche de création s’accompagne de plusieurs ressorts de narration développés par le journaliste et son équipe, de sorte à capter l’attention de l’auditeur·ice, tout en restant dans le strict respect de la réalité. Il ne s’agit en aucun cas de tordre la vérité ni même de romancer les true crimes. Malgré la dimension sombre et brutale inhérente de ces affaires criminelles, ces Droux crimes éclairent une autre facette de la Suisse, son fonctionnement, son histoire et les profondeurs de l’âme humaine.

Crimes suisses s’écoute un vendredi sur deux sur Play RTS et toutes les plateformes de streaming audio, ainsi que cet été à la radio, les dimanches de 17h à 18h, sur La Première.

Justin Müller

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