Chronique d’opinion: l’Unil doit s’engager contre le génocide à Gaza

GREVE A l’UNIL – Des étudiant·e·x·s ont interpelé la direction de l’Université pour qu’elle dénonce et agisse contre le génocide perpétré par Israël à Gaza. Il·elle·s revendiquent notamment une prise de position officielle de l’Unil et un gel de ses collaborations avec les universités israéliennes. Les manifestant·x·e·s occupent un hall de Geopolis depuis jeudi 2 mai pour pousser le rectorat à répondre à ces revendications. Il devrait accéder à leurs revendications selon un de nos rédacteurs.

Le rectorat rencontrera ce lundi 6 mai à 18h00 pour la deuxième fois les occupant·x·e·s de Geopolis en soutien à la Palestine. Lors de la première négociation jeudi dernier, les deux parties avaient convenu que la rencontre de ce lundi serait consacrée à la présentation par la direction des liens entre l’Unil et les institutions israéliennes, première revendication du mouvement. Ce n’était que le lendemain, le mardi 7 mai, que le recteur Frédéric Herman devait se prononcer sur la deuxième revendication, l’interruption, ou gel, de ces partenariats. La direction devait ensuite se prononcer sur les autres revendications selon un calendrier flou et s’était engagée à tolérer l’occupation tant que celle-ci resterait pacifique et n’entraverait pas les enseignements. Cet engagement n’avait pas été explicitement conditionnée à une limite temporelle. La situation a changé depuis. Plusieurs médias ont annoncé que l’occupation était autorisée jusqu’au lundi 6 mai et le rectorat s’est aligné sur ce narratif dans un mail dimanche soir. Il est dorénavant clair que la rencontre de ce lundi aura une portée plus générale. L’ensemble des revendications et l’avenir de l’occupation seront vraisemblablement négociées. Celle-ci pourrait devenir illégale le soir même.

Les revendications communiquées le jeudi 4 mai par les occupant·e·x·s de Geopolis à la Direction de l’Unil

L’Unil doit agir

Un génocide a lieu à Gaza. Après l’Afrique du Sud, l’ONU en a été à nouveau alarmé par sa rapporteuse spéciale, selon laquelle il existe des «motifs raisonnables» de croire qu’Israël a commis des «actes de génocide» à Gaza. L’armée israélienne détruit les moyens de subsistance des Gazaouis et empêche l’aide humanitaire internationale de les supplanter. Des milliers de civils tombent sous les bombes et les balles ou meurent de faim, de soif et d’absence des soins médicaux de base. Israël viole les droits internationaux et les droits humains des Palestinien·ne·s. Le Conseil des droits de l’homme et la Cour internationale de justice le soupçonnent et appellent Israël à rendre des comptes. Des membres du gouvernement israélien (ses ministres de la Défense,  de l’agriculture, de l’énergie, des Financesde l’Héritage [renvoyé du gouvernement pour sa déclaration]), des membres son armée (le chef du COGATdes soldats), et une émission d’une de ses chaines de télévision publiques ont appelé au déplacement de la population gazaouie ou, carrément à la destruction complète du territoire de Gaza et de sa population. Hors de Gaza, les colons et les soldats israéliens répriment, tuent, emprisonnent sans jugement et détruisent les habitations des Palestinien·ne·s des territoires occupés, selon Amnesty International. Les Etats occidentaux ne s’opposent pas efficacement à ce crime contre l’humanité, ne le désignent pas comme tel et n’engagent pas de sanctions économiques. Il revient donc à la société civile d’agir à leur place. C’est pourquoi l’Université de Lausanne devrait condamner le génocide en cours comme elle a réprouvé l’invasion russe en Ukraine. Quelques jours après celle-ci, l’Unil a condamné «avec la plus grande fermeté l’intervention militaire russe » et appelé «les gouvernements européens à prendre des mesures immédiates pour protéger la vie et la carrière des personnes affiliées aux hautes écoles, des étudiant·e·s, des chercheur·e·s et des acteurs·trices de la société civile ukrainienne, ainsi que l’ensemble de la population ukrainienne». L’Université devrait faire de même avec Gaza, des mois après. Si elle veut condamner conjointement l’attaque terroriste abominable et criminelle du Hamas du 7 octobre 2023, qu’elle le fasse. Cette prise de position publique ne suffisant pas, l’Unil devrait également utiliser son maigre pouvoir pour faire pression sur le gouvernement israélien et «mettre fin au plus vite à toute collaboration avec des institutions liées au gouvernement israélien ou n’ayant pas marqué leur opposition à la politique en cours», comme le demande une partie du corps professoral de l’Unil dans une lettre de soutien à l’occupation étudiante. L’impact serait bien sûr minime. Mais il pourrait devenir important si davantage d’institutions venaient à l’imiter.

Hadrien Burnand

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.