Tradition et défis éthiques
Illustration : Viktoria Tcheremissov
CHIENS DE TRAINEAUX • Souvent au centre de l’attention, ils ne cessent de susciter tant l’admiration que des interrogations. Entre passion sportive, patrimoine nordique et préoccupations pour le bien-être animal: qu’en est-il vraiment de cette controverse?
Huskys sibériens, Malamutes d’Alaska, groenlandais ou encore samoyèdes: tous partagent avec l’humain les paysages polaires du Nord. Il y a plus de 5’000 ans en arrière, la pratique des chiens de traîneaux, aussi appelée mushing, s’est répandue dans l’Arctique. C’est en apprivoisant les loups que les autochtones ont élaboré un moyen de se déplacer, élargissant ainsi leurs territoires de chasse et de pêche.
Décès et dopage dans le mushing
C’est en 1908 que la course All Alaska Sweepstakes, située à l’ouest de l’Alaska à Nome, contribue à populariser le mushing en tant que pratique sportive. Aujourd’hui, l’Iditarod, l’une des courses de chiens de traîneaux les plus célèbres en Alaska, s’étend sur plus de 1 600 kilomètres. Elle suscite cependant la controverse. En effet, l’association People for the Ethical Treatment of Animals (PETA), une des plus grandes organisations pour la défense des droits des animaux, rapporte plus de 150 décès de chiens depuis ses débuts en 1973.
Certain·e·s partisan·e·s de la course sont également accusé·e·s de recourir au dopage des chiens: c’est notamment le cas de Dallas Seavey, célèbre musher, qui a toutefois nié les faits et dénoncé un acte de sabotage à son encontre.
Lien de complicité ?
De nos jours, cette pratique fait alors l’objet d’un débat animé qui divise l’opinion publique. D’un côté, les partisan·e·s du mushing la considèrent comme un sport basé sur une relation de confiance entre l’humain et le chien. De l’autre, elle est dénoncée pour cause de maltraitance animale, ce dernier étant poussé à affronter des conditions extrêmes. De fait, les longues distances parcourues sur plusieurs jours dans des compétitions intenses soulèvent des inquiétudes quant au bien-être de ces compagnons à quatre pattes. Autre source de préoccupations, notamment en Laponie: le tourisme de masse. En effet, CNN, célèbre chaîne d’information américaine en continu de renommée mondiale, dénonce que des organisateur·ice·s de promenade illégales mettent en danger la santé et la sécurité des chiens afin de tirer profit de leur exploitation.
Le respect de l’animal
L’équilibre entre la préservation de cette tradition et le respect du bien-être animal reste un sujet de débat. Selon le Dr Stéphane Tardif, vétérinaire et rédacteur pour Wamiz, site web dédié aux animaux de compagnie, il est crucial de surveiller attentivement l’utilisation des chiens de traîneaux. En effet, c’est en tenant compte de la quantité de travail qu’ils effectuent ainsi que de leurs conditions de vie en dehors des séances d’exercice, que nous pouvons garantir l’épanouissement des chiens dans cette activité. En fin de compte, derrière cette image que nous nous faisons des chiens de traîneaux se trouve une question complexe mêlant passion, tradition et éthique.
Veronica Tcheremissov