Des cerveaux en ébullition !
Photo : ©EPFL
Rédigé par : Jessica Vicente
CAMPUS · L’École polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL) accueille du 10 au 22 juillet une quarantaine d’enfants agé·e·s de 11 à 13 ans pour un camp intitulé Kids@Science. Ce dernier est le fruit d’une collaboration entre son Service de promotion des sciences et la Fondation Science et Jeunesse (FSJ). Qu’est-ce que ce camp hors du commun offre-t-il de si particulier ? Un petit tour d’horizon s’impose.
L’EPFL offre divers programmes d’études dans les disciplines de l’ingénierie, des sciences exactes et de l’architecture. Force est de constater qu’encore aujourd’hui, toutes facultés mélangées, elle compte 70% de sa population estudiantine qui est de sexe masculin et seulement 30% de femmes. Le manque de femmes dans les disciplines qu’on appelle communément les MINT (mathématiques, informatique, sciences naturelles et techniques) est un phénomène général en Suisse et dans d’autres pays. L’EPFL avec de nombreux programme œuvre pour contribuer à augmenter la proportion des femmes dans ces domaines.
Favoriser le lien et le savoir
Kids@Science respectivement sous-intitulé Girls@Science et Boys@Science propose deux semaines d’introduction aux disciplines scientifiques dans un cadre ludique et collaboratif. Ce concept existe depuis 2 ans. Chaque jour les enfants sont invités à découvrir diverses thématiques telles que : la robotique, la géologie, la physique, l’électricité, la photographie, l’astronomie, entre autres. Par ailleurs, ce qui est aussi enrichissant c’est que les enfants peuvent confronter et mobiliser diverses connaissances en passant d’un thème à un autre. Le camp est organisé de sorte à prendre en charge les enfants du lundi au vendredi 24h/24h. Ils·elles participent aux activités de neuf heures à seize heures environ encadrés pédagogiquement par des médiateur·ice·s scientifiques de l’EPFL, ensuite prennent part à d’autres loisirs tels que piscine, activités sportives, jeux de sociétés avec des moniteur·ice·s de la Fondation Science et Jeunesse, avant de regagner l’auberge de Jeunesse pour y passer la nuit. La participation à ce camp est gratuite. L’accent est néanmoins mis sur la localisation géographique du domicile de l’enfant. Comme l’explique Xénia Villiers, responsable de projet et de communication pour la Suisse romande de la Fondation Science et Jeunesse: « Évidemment nous avons beaucoup de demandes pour participer mais nous privilégions les enfants qui vivent loin du campus de l’EPFL afin qu’ils·elles puissent aussi avoir l’occasion de connaître cet endroit. » Il y a donc une volonté de faire dialoguer les différentes régions linguistiques de Suisse également. Xénia Villiers souligne que l’un des objectifs de ce camp est aussi de favoriser la cohésion d’équipe, et la collaboration. « D’où l’importance d’acquérir des compétences humaines qui sont nécessaire aussi au domaine scientifique, les filles doivent pouvoir être capables de s’exprimer, ne pas craindre de prendre leurs marques, travailler ensemble,… » ajoute-t-elle.
Non-mixte c’est plus fun !
L’une des plus grandes particularités de ce camp c’est que filles et garçons sont séparés durant l’ensemble des activités qu’ils·elles réalisent. Plutôt curieux et peut-être contre-intuitif au premier abord, n’est-ce pas ?
« On constate que dans les activités mixtes, les garçons prennent naturellement plus de place.(…) cela se passe ainsi en partie parce qu’ils ont eu petit certainement plus d’expériences techniques et donc cela leur permet de prendre davantage confiance en eux. Ils prennent les choses en main et les filles vont alors prendre en charge des tâches plutôt secondaires mais pas vraiment participer au même titre que les garçons », explique Farnaz Moser-Boroumand, Directrice du Service de promotion des sciences de l’EPFL. Une autre explication apportée par l’ingénieure est que les filles se sentent davantage en confiance lorsqu’elles sont en groupe entre elles.
D’autres programmes sont mis en place depuis 2003 par Farnaz Moser-Boroumand et son équipe du Service de promotion des sciences pour favoriser l’éveil et l’intérêt des jeunes pour les sciences et les technologies dont certains exclusivement pour les filles et d’autres avec des configurations de classes mixtes. Dans les activités mixtes pour lutter contre les stéréotypes féminins associés au manque d’expérience antérieure, la stratégie éducative doit être adaptée. Comme le souligne Farnaz Moser-Boroumand : « Il faut que le contenu, les images et le langage tiennent compte de la dimension du genre. Ainsi le programme parle autant aux filles qu’aux garçons. L’intervenant·e doit être préparé à donner le même temps de parole aux filles comme aux garçons ». De cette manière, la pédagogie inclusive donne les mêmes chances aux deux sexes de se lancer dans des études scientifiques et techniques.
Une expérience qui porte ses fruits
Vendredi 15 juillet, c’est le jour de clôture de la semaine spéciale Girls@Science. Malgré la canicule et la fin de la semaine, les filles, toujours aussi enthousiastes ont pris part à la dernière activité proposée : le lancement des fusées en plastiques recyclés confectionnées par elles-mêmes. Puis, une cérémonie y est organisée dans les locaux de l’EPFL et à laquelle tous les parents sont chaleureusement invités. C’est surtout un moment convivial et l’occasion pour les jeunes filles de démontrer ce qu’elles ont appris et surtout comment elles ont vécu cette expérience hors du commun. Et les retours sont pour le moins très positifs.
« On s’est très bien entendus dès le début, c’était vraiment chouette de rencontrer des nouvelles copines ! » – s’exclame Céline, participante de 12 ans. « Tout était parfait, sauf peut-être les repas (en référence à la semaine composée de plats végétariens exclusivement) » plaisante Léonie, participante de 13 ans. Une cinquantaine de parents sont venus admirer les prouesses scientifiques de leurs filles. Pour cette occasion, des petites vidéos récapitulatives de ce qui s’est passé cette semaine ont été filmés, et montés avec l’aide de l’équipe de la médiation scientifique de l’EPFL. Une expérience qui s’est avérée concluante et qui aura certainement ouvert de bonnes perspectives pour les choix de formations de ces générations.