#DoNotTouchMyClothes

Rédigé par : Murielle GUENETTE

HABILLEMENT • Des femmes afghanes publient des photos sur les réseaux sociaux vêtues de robes traditionnelles colorées, en opposition avec le tchadri prôné par les talibans. Comment interpréter ce geste ? Les vêtements véhiculent-ils des messages non verbaux ?

Bien que l’utilisation de vêtements soit quotidienne, les habits sont en réalité aussi multiples que les identités sociales : ils sont des marqueurs sociaux fondamentaux et on ne peut plus visibles, puisque c’est l’un des premiers détails que l’on voit lorsqu’on rencontre quelqu’un. En effet, la manière dont nous nous habillons dépend de nombreux facteurs : notre origine socio-économique, culturelle, géographique, mais aussi notre âge, religion, profession, ou encore l’identité de genre à laquelle nous nous identifions. L’habit fait donc bien le moine d’un point de vue sociologique. Nous portons des vêtements différents si nous sommes riches ou pauvres, une femme ou un homme, à 5 ou 65 ans ou si nous vivons au fin fond du canton de Glaris ou dans un quartier chic de Rio. D’ailleurs, pas même besoin d’aller aussi loin. En faisant un bref tour à l’Internef, puis à Géopolis, vous vous rendrez vite compte que les étudiant·e·s de la Faculté des Hautes études commerciales (HEC) ne s’habillent pas comme ceux en Géosciences et environnement (une « étude » on ne peut plus sérieuse affirme d’ailleurs que ces derniers portent significativement plus de « Birkenstock » que les étudiant·e·s de la faculté de droit…). Les vêtements que nous portons relèvent donc de la norme sociale, dans le sens où ils sont l’expression d’une identité sociale propre. Les contextes sociaux dictent eux aussi nos choix en matière de mode.

Les habits sont des marqueurs sociaux fondamentaux

Par exemple, si vous vivez en Occident, les normes sociales vous empêchent d’aller habillé·e en rouge à un enterrement, ou en robe blanche à un mariage, à moins que vous ne soyez la mariée.

Les vêtements sont politiques
En plus de leur importance identitaire, les habits sont aussi des vecteurs d’expression politique et culturelle. C’est justement le cas des photos de femmes afghanes en robes traditionnelles et colorées qui fusent sur Twitter. Nous pouvons identifier ces démarches comme une affirmation culturelle, un refus de soumission, une résistance identitaire. S’habiller avec ces vêtements, dans ce contexte précis, c’est un geste politique pour ces femmes. Mais cette communication va bien au-delà des frontières afghanes. Rosemarie Beck, professeure à l’Institut d’Études Africaines de l’Université de Leipzig, a effectué de nombreuses recherches sur un tissu nommé « kanga », arboré par des femmes dans des sociétés d’Afrique de l’Est. Selon elle, ces pagnes, sur lesquels sont inscrits des proverbes souvent d’origine religieuse, permettent aux femmes de communiquer à la société ou à des personnes spécifiques des messages qu’elles ne peuvent exprimer de manière verbale, car ceux-ci ne sont pas acceptables socialement. Ces communications concernent en général des relations hiérarchiques, comme entre une femme et son mari, et déplorent des problèmes relationnels divers, par exemple la jalousie.

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