Coup de main pour la jeunesse

SOCIAL • Souvent omis de l’espace public, de nombreux enfants et adolescent·e·s sont remis aux mains de la Protection de la Jeunesse. A l’instar de Caritas, ces solutions de placements sont-ils vraiment toujours la solution de dernière chance pour ces jeunes ?

Nous ne rencontrons pas tous les jours des individus qui vivent ou qui ont grandi en famille d’accueil. C’est pourtant la réalité de près de 1’530 enfants ou adolescent·e·s en 2019 placés dans le canton de Vaud, selon les statistiques. Rupture scolaire, des parents biologiques instables psychologiquement et/ou financièrement, autant de raisons qui nécessitent une assistance ponctuelle ou plus durable. L’organisation Caritas Placement est présente en Romandie ainsi qu’en Suisse allemande et elle proposer des prestations pour les services de Protection à la Jeunesse. Pour la région romande, elle ne s’occupe que des jeunes de 12-18 ans.

« nous pouvons parler de pénurie de foyers en Suisse »

Barbara kaiser

Caritas propose quatre différents types de placements selon les besoins spécifiques propre à chacun·e : celui moyenne-longue durée qui va de six mois à plusieurs années, le placement de crise s’étend sur trois mois souvent pour cas de rupture scolaire, le placement relais sur les weekends et vacances scolaires et enfin le placement de prestations personnelles qui consiste en travaux d’intérêts généraux où le·la jeune doit travailler pendant plusieurs jours. L’association caritative oeuvre en collaboration de trente familles dont près des deux tiers sont des agriculteur·rice·s qui se sont porté·e·s volontaires pour accueillir des jeunes à leur domicile. Cette contribution profite grandement aux jeunes, puisque vivre auprès de paysan·ne·s leur permet de s’occuper du soin aux animaux, mais également de labourer et travailler les champs.

Une offre qui ne suit pas la demande
Pour pouvoir offrir son hospitalité, il est nécessaire de remplir bon nombre de critères spécifiques et procéder à de nombreuses étapes qui peuvent prendre jusqu’à six mois si le processus administratif se déroule correctement, selon Barbara Kaiser, directrice d’antenne pour Caritas Placements. Il faut dans un premier temps que le Tribunal des Mineurs ou l’instance de Protection de la Jeunesse fasse une demande auprès de Caritas pour solliciter une maisonnée disponible pour un·e jeune. En général, il faut compter près de deux à quatre semaines pour qu’une place se libère. Finalement, la famille d’accueil, après avoir rempli les critères de sélection, doit être approuvée par Caritas et l’autorité cantonale responsable qui a son propre règlement. Le ménage sera lié ensuite par un contrat de travail et recevra une rémunération. Or, « nous pouvons parler de pénurie de foyers en Suisse » en effet, il y a très peu de place pour accueillir tou·te·s les mineur·e·s qui le nécessitent, relate Barbara Kaiser.

Il est donc indispensable de garder contact

Le deuxième trimestre de cette année a connu une augmentation de 40% des demandes notamment pour les placements relais ; ce qui pourrait s’expliquer par une nécessité lors des vacances d’été.

Un accompagnement éphémère
Dans l’art.4 de la loi sur la Protection des Mineurs, il est stipulé que le·la mineur·e capable de discernement doit être informé·e de tout processus décisionnel et doit pouvoir se positionner en conséquence. En effet, comme mentionne Barbara Kaiser : « le but ultime lors de quelconque placement, c’est que l’enfant ou le·la jeune puisse revenir un jour dans son chez-soi, dès que sa situation se sera améliorée ». Il est donc indispensable de garder contact et des liens avec ses ascendant·e·s dans l’espoir d’un jour pouvoir les retrouver. Barbara Kaiser insiste: « le grand enjeu de chaque placement reste que chaque situation est différente et exige donc un accompagnement bien spécifique ».

« […] chaque situation est différente et exige donc un accompagnement bien spécifique.« 

Barbara Kaiser

Cela peut arriver que le comportement de l’adolescent·e se dégrade et ainsi l’accord avec la famille d’accueil se trouve en péril. C’est alors à l’assistance sociale d’intervenir pour essayer de trouver un terrain d’entente. Pour des individus ne pouvant pas grandir dans un environnement stable et aimant, la solution de placement est la meilleure. La complexité réside dans le manque de ménages prêts à s’engager pour abriter dans leur domicile.

Jessica Vicente

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.