Un amour comme le nôtre…

A l’heure des remises en question sur les notions de genre, de sexe, de sexualité et des différents lieux communs y afférant, le spectacle Femmes amoureuses, consacré à l’«amour au féminin», paraît quelque peu hors de saison. Malgré ses airs de boulevard traditionnel, la pièce peut cependant compter sur l’interprétation de ses comédiennes.

Tout est dans le titre, ou presque. Femmes amoureuses parle d’amour. D’amour de femmes, plus précisément. De celles qui dévorent les entrailles, qui rendent folle, possessive, haineuse. Mais aussi de celles qui, avec le temps, s’assimilent à une douce amitié. De celles qui passent uniquement par le corps. De celles qu’on peut avoir pour les enfants que l’on a portés. De celles qui font douter ou qui laissent simplement indifférente, de celles qui n’aboutissent jamais à celles qui durent pour toujours. S’articulant en de multiples monologues plus ou moins longs, le spectacle propose un vaste panel d’émotions et de sensations sur le sujet. Bien qu’à la longue un peu répétitif thématiquement parlant, il sera porté de bout en bout par l’interprétation très fine et sensible, malicieuse, des cinq comédiennes, chacune partageant tour à tour avec humour, sans tomber dans le pathos, les histoires de ces femmes qu’elles auraient pu être, qu’elles ont été ou qu’elles seront peut-être…

La scénographie pour accueillir ces différents témoignages est très simple: le public est disposé tout autour de la scène, tandis que le centre est dégagé. Sur l’un des côtés, un DJ aux boucles d’oreille dorées passe quelques «hits», comme dans une boîte de nuit. La piste, vide, accueillera les comédiennes, sortant du public, comme autant de personnes qui préfèrent bouger, s’exposer aux autres, «se jeter à l’eau», comme on dit, plutôt que de rester assises, comme nous, sur le carreau, quitte à passer à côté de la danse qui leur fera rencontrer l’amour… Quelque peu naïf à première vue, ce dispositif est en partie contrebalancé par les réactions des personnages qui s’amusent de cette situation, un «ah, c’est ma chanson» hurlé, des propositions indécentes faites à certains spectateurs… et, surtout, par le texte, intime et charnel, bien que parfois peu innovant, notamment dans l’éloge qu’il fait de l’Amour-passion. Le spectacle oscille donc entre la comédie romantique au premier degré, le second degré qui raille cette dernière avec un plaisir évident et le témoignage d’émotions très intimes.

Au milieu de ce balancement, une constante demeure néanmoins: l’Homme, matérialisé par le DJ. Il est regrettable que, sur le grand nombre de monologues que comporte le spectacle, pas un seul ne sorte du schéma hétéronormé et n’explore d’autres sujets de désirs. Sous leurs airs malicieux, sensibles et touchants, intimes et passionnés, nos Femmes amoureuses, décidément, appartiennent à une autre époque…

Femmes amoureuses / Mélanie Chappuis /Attila Entertainment, Théâtre Alchimic / Mise en scène de José Lillo. A retrouver le 7 avril 2020 au Théâtre de Grand-Champ à Gland

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