Fécule à fleur de peau

À l’occasion de cette douzième édition du Festival Fécule, L’auditoire s’est immiscé dans les coulisses du spectacle de Danse à fleur de pot, à découvrir le 3 mai à la Grange de Dorigny.

© Nathalie Habersaat

Représenter le travail de la terre à travers la danse contemporaine, voici le pari que réalisent les danseuses de Catherine Egger dans le spectacle Danse à fleur de pot. Créé à l’origine pour le Musée de l’Ariana dans le cadre de l’exposition « Potières d’Afrique – Voyage au cœur d’une tradition contemporaine », cette pièce chorégraphique se déplace à la Grange de Dorigny pour une unique représentation dans le cadre du Festival Fécule.

Possédant toutes une expérience différente de la danse, les six participantes – Eva, Nathalie, Léa, Alica, Laure et Sarah – se glissent, le temps d’un instant, dans la peau de potières africaines. Cette tradition ancestrale du travail de la terre se transmettant de mère en fille est encore une activité essentielle dans de nombreux pays du continent. Un ouvrage demandant un travail considérable, car ces femmes demeurent responsables de toute la conception du vase, allant de la récolte de la terre nécessaire jusqu’à la vente, en passant par le façonnage et le décor de ce dernier.

© Nathalie Habersaat

Mouvements d’argile

Partir de rien pour composer peu à peu : telle est l’idée que Catherine Egger a souhaité transmettre à travers sa chorégraphie. À l’image de la céramique qui se construit via différentes étapes, les danseuses s’approprient progressivement l’espace et élaborent leurs gestes en douceur : « Il y a de nombreux liens entre le travail de la terre, le travail du corps, la matière, et l’énergie du mouvement », explique la chorégraphe. Les jeunes femmes débutent donc en silence, à la recherche de leur énergie. Puis, leurs mouvements s’intensifient au gré de la musique. L’un des éléments essentiels de la représentation se situe dans la marche, que chacune effectue parmi des photographies réalisées par le céramiste Camille Virot dans des villages d’Afrique de l’Ouest.

Mais le spectacle cache encore bien des surprises. En effet, le tableau se révèle différent à chaque représentation. Car si nous assistons bel et bien à une chorégraphie mise en scène, différents moments laissent place à une improvisation complète des danseuses. « Pour certaines parties, Catherine ne nous a pas donné de marche à suivre, indique Alica. Elle nous a simplement guidé en nous conseillant de nous imaginer dans de l’argile que l’on devrait malaxer avec nos mouvements. C’est pour cela que nos gestes sont tout petits au début. Mais au fur et à mesure l’argile se chauffe, et nous avons donc plus de place pour danser ». Chaque danseuse apporte ainsi la touche de sa propre interprétation à l’ensemble de la chorégraphie. Une composition qui se forme ainsi en grande partie directement face aux yeux du public : « Comme les potières construisent un vase, nous, on construit la danse » explique les membres de la troupe.

Danse à fleur de pot représente une plongée artistique dans la vie de ces artisanes africaines à qui le spectacle rend hommage. Accompagnées à la guitare et au chant par le musicien Ecart, les danseuses recréent ainsi les différentes étapes du quotidien des potières et évoluent dans un univers qui s’amuse à mêler l’art à l’utile, le contemporain à l’ancestral.

Danse à fleur de pot, Grange de Dorigny, le 3 mai à 21h30