Journée nationale contre le harcèlement sexuel et sexiste aux études

Quelques affiches éparses sur le campus de l’UNIL, peu de communication médiatique sur le sujet… Pourtant, depuis quelques années, la journée nationale contre le harcèlement sexuel et sexiste aux études est organisée le 23 mars. Zoom.

Le monde entier s’agite beaucoup en ce moment sur les sujets du harcèlement sexuel et sexiste, avec les mouvements #MeToo, #BalanceTonPorc, et leurs dérivés. Aux yeux de la loi, le harcèlement sexuel désigne tout comportement à connotation sexuelle ou sexiste, imposé à une personne et portant atteinte à sa dignité. L’intention de l’assaillant·e n’importe donc pas, seul le ressenti de la personne harcelée compte. La notion d’ »imposer » implique en effet le non-consentement de la personne qui subit le geste. Malheureusement, le manque d’information sur le harcèlement sexuel et sa prévention dans notre société est bien réel. Une campagne de financement participatif a toutefois été lancée, afin de créer l’application « EyesUp », qui aura pour but de faciliter et d’anonymiser la démarche de signalement de harcèlement sexuel. Au cours des 12 derniers mois, 72% de Lausannoises ont vécu au moins une fois du harcèlement, et le plus affligeant reste le fait que ces comportements ne font que très rarement l’objet de dénonciations. En Suisse, il existe une loi sur l’égalité (la Leg) qui protège les personnes victimes de harcèlement sexuel ou sexiste sur leur lieu de travail. Les apprenti·e·s, les stagiaires et les doctorant·e·s sont heureusement en partie protégé·e·s par ladite loi. Toutefois, les étudiant·e·s ne sont pas concerné·e·s, leurs études n’étant pas considérées comme un travail puisque sans rémunération. Les établissements scolaires peuvent mettre en place des directives et des aides de leur côté, ce qui est notamment le cas de l’Unil, mais ce n’est ni une obligation ni un appui légal en cas de recours en justice. D’où la décision de l’AFU (Association Féministe de l’UNIL) et du syndicat SUD étudiant·e·s et précaires d’instaurer cette journée du 23 mars, pour demander aux pouvoirs politiques de modifier la Leg afin qu’elle prenne en compte les personnes aux études.

A l’UNIL ? Jamais de la vie !

Il est possible de répliquer qu’effectivement, ce sont des choses qui arrivent, mais certainement pas à l’Unil ou à l’EPFL ! Ce serait un constat bien optimiste, comme le prouvent les très nombreux témoignages réunis et publiés régulièrement sur la page Facebook « Spotted Discriminations at UNIL/EPFL ». Si certaines choses peuvent au premier abord paraître anodines ou inoffensives dans ces témoignages, il est nécessaire de prendre en compte que c’est le ressenti personnel qui est impliqué, non pas celui de la personne qui a directement reçu la remarque ou subi l’agression. Nier le vécu des personnes qui ont osé sortir du silence, c’est nier le vécu potentiel d’ami·e·s, de membres de la famille, de collègues ou de camarades.

Comment lutter ?

Outre essayer de reconnaître et de stopper les comportements de harcèlement au niveau personnel, que cela soit le sien ou ceux d’autres personnes, il ne faut pas hésiter à faire des remarques aux professeurs qui tiennent des propos sexistes. Témoigner, relayer des témoignages, en parler autour de soi est toujours bénéfique. Il est également possible de soutenir activement la campagne de lutte sur le site formation-sans-harcèlement.ch, par de l’affichage ou du partage sur les réseaux sociaux. L’AFU a élaboré des brochures de près de 50 pages sur le sujet, rédigées par les membres de cette association, le collectif d’étudiant·e·s en lutte contre les violences sexistes (CELVS), le syndicat des étudiant·e·s de l’Université de Genève (CUAE) et le syndicat SUD étudiant·e·s et précaires.

Victime de harcèlement : que faire ?

Endurer du harcèlement n’est pas normal et personne ne devrait vivre seul·e avec cela. Il est possible de prendre contact avec le bureau de médiation de l’UNIL (contact.mediation@unil.ch), le bureau de l’égalité (egalite@unil.ch), ou de venir témoigner anonymement sur la page Facebook « Spotted Discriminations at UNIL/EPFL ». Dans tous les cas, il est important de ne pas rester seul·e et d’en parler avec une ou des personne(s) de confiance. Le harcèlement sexuel et sexiste aux études est encore une triste réalité, il est donc impératif de se battre pour que les choses changent et que la loi protège également les étudiant·e·s.