Être parent à l’UNIL 

PARENTALITÉ · Devenir parent tout en travaillant, c’est devoir réaménager sa vie afin de pouvoir concilier le familial et le professionnel. Et à l’UNIL, ça se passe comment ? Entretien avec Frédérique Auger et Michèle Gendroz, collaboratrices à l’UNIL et mères d’enfants accueillis dans l’une des crèches du campus. 

À la question de la plus grande difficulté rencontrée par les parents qui travaillent, Frédérique Auger répond sans hésiter qu’il s’agit de trouver une place en crèche. « Les réseaux des communes sont souvent pleins. La possibilité de mettre mon enfant en crèche s’est offerte parce que je suis collaboratrice à l’UNIL, ce qui est une vraie chance. » L’université met à disposition de ses membres quatre crèches, toutes situées sur le campus, accueillant des enfants « dont un des parents au moins a un contrat UNIL, EPFL ou y étudie » d’après le site de l’Université, ce qui permet presque toujours d’obtenir rapidement des places. 

Standardiser le congé maternité, c’est déjà problématique en soi. 

« En plus, c’est une service de qualité, que ce soit au niveau de la nourriture, des éducateur·rices qui sont très présent·es, ou des horaires élargis », raconte Frédérique. Le télétravail et les congés accordés aux parents sont également composantes importantes pour allier parentalité et vie professionnelle. « Quand les enfants sont malades, nous avons le droit à cinq jours de congé maladie enfant sans justificatif médical. C’est semblable à l’université de Genève ou aux autres institutions étatiques dans lesquelles j’ai travaillé. Dans le système public, on a quand même beaucoup de mesures d’accompagnements pour les parents. » enfin, Frédérique souligne l’importance d’avoir « un·e responsable qui soit flexible et qui comprend très bien la dynamique actuelle des crèches. » De son côté, Michèle Gendroz s’estime « très satisfaite et chanceuse », même si elle craint de ne pas retrouver de place en crèche si son avenir professionnel devait l’amener à quitter l’UNIL.

Tous·tes égaux·ales face à la parentalité ?

D’après Frédérique Auger, « l’UNIL vise une parité homme-femme, même si ce n’est jamais parfait. » Ces structures d’accueil extrafamiliales sont en effet essentielles pour que les collaborateur·rices n’aient pas à baisser leurs taux de travail, tout en gardant à l’esprit que selon l’Office fédéral de la statistique, dans un couple hétéroparental, ce sont majoritairement les mères ayant des enfants de moins de 13 ans qui travaillent à temps partiel alors que les pères, eux, travaillent majoritairement à temps plein. « Je n’aurais même pas pu accepter mon poste si je n’avais pas eu ces places en crèche », affirme Frédérique. Cependant, quelques inégalités persistent, notamment au niveau du congé maternité. Actuellement les collaboratrices disposent d’un congé maternité de 16 semaines, 20 si elles allaitent, tandis que les collaborateurs disposent de seulement 2 semaines. « Il faudrait remplacer le congé maternité par un congé parentalité, sans faire de différence par rapport à l’allaitement ou au genre. Typiquement, moi, je n’ai pas allaité, alors mon mari aurait très bien pu s’occuper des enfants, mais nos employeur.euses ne nous donnaient pas ce choix. Aussi, pour se remettre d’un accouchement, quatre mois, ce n’est pas toujours suffisant. Standardiser le congé maternité, c’est déjà problématique en soi », explique-t-elle. 

Parentalité et travail, un problème sociétal

Les deux collaboratrices s’accordent sur le fait que la grossesse est bien reçue à l’UNIL. « Mon entourage professionnel s’est montré bienveillant à l’annonce de ma grossesse et pour mon retour au travail », affirme Michèle. « Mes collègues ont accepté de changer leur jour de présence afin que je puisse avoir les meilleures conditions possibles à la crèche et mon contrat a été renouvelé pendant ma grossesse. » De plus, « des locaux sont mis à disposition si nous souhaitons tirer le lait ou allaiter en toute tranquillité », ajoute-t-elle. Cependant, si cette situation est propre aux institutions étatiques suisses, à l’échelle globale, Frédérique constate un recul dans le soutien social apporté aux familles. En mars 2024, le conseil fédéral a rejeté l’initiative sur les crèches, qui visait à garantir « un accueil extrafamilial des enfants qui soit de qualité et abordable pour tous·tes ». 

J’espère que l’UNIL ne va jamais reculer dans ses offres. 

« Les gouvernements tendent de plus en plus vers la droite, défendent de plus en plus le modèle traditionnel de la femme à la maison. En tant que femme qui aime son travail, cela m’inquiète. J’espère que l’UNIL ne va jamais reculer dans ses offres. Avoir des crèches, en plus de cette qualité-là, c’est assez incroyable », conclut Frédérique.

Marine Pellissier 

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