Bassenges, ferme en péril

© Ferme de Bassenges

AGRICULTURE · Depuis quatre ans, la ferme de Bassenges incarne l’exemplarité d’une agriculture durable en plein cœur d’un campus universitaire. Mais à l’heure où la durabilité est plus que jamais un impératif, ce projet exemplaire est sur le point de disparaître, faute d’espace.

Suite à sa sélection lors d’un appel à projets conjoint de l’UNIL et l’EPFL, cela fait maintenant quatre ans que le collectif Cambium occupe la ferme de Bassenges. Son objectif est de mettre en place un système agricole diversifié, respectueux de l’environnement, et reposant sur des pratiques circulaires et locales. Composé de six membres et de trois apprenti.e·s, le collectif pratique une agriculture biologique, et même biodynamique pour certain·e·s agriculteur·ice·s, au sein d’un projet comprenant du maraîchage en traction animale, de l’élevage ainsi que de l’agroforesterie sur des terrains des campus des deux universités. En outre, il s’inscrit dans une démarche de sensibilisation et de formation à travers un grand nombre d’ateliers et activités. Cependant, cet exemple d’agriculture durable risque de disparaître. En effet, l’EPFL a annoncé son intention de récupérer les bâtiments de la ferme à l’horizon 2026, date à laquelle le contrat avec le collectif prend fin, pour les transformer en un centre de recherche en sciences fondamentales à visée internationale, le Centre Bernoulli. Justifiant cette décision par un manque d’espace sur son campus, l’institution souhaite rénover ce site afin d’agrandir et améliorer ses infrastructures scientifiques, notamment pour la recherche et l’organisation de séminaires et d’ateliers.

Un futur incertain

Dans ce contexte, le futur de la ferme de Bassenges semble incertain. Si l’EPFL assure que les terres agricoles continueront d’être exploitées selon un nouveau cahier des charges à redéfinir, le collectif Cambium indique que la perte des bâtiments principaux rendrait le projet irréalisable. Pour exprimer son mécontentement et sa désillusion, le collectif a lancé, en juin 2024, une pétition visant à sauver la ferme de Bassenges. Ce texte a recueilli le soutien d’une large partie de la communauté universitaire et de la population locale. Cette pétition a été remise à la direction de l’EPFL, mais la réponse de l’institution est restée ferme: la transformation du site en centre de recherche demeure prioritaire. Parallèlement, l’EPFL a lancé un concours architectural pour redéfinir l’utilisation des bâtiments de la ferme, avec des décisions finales attendues d’ici janvier 2025, la résiliation du bail étant prévue pour le 31 janvier de la même année. Cette situation soulève des questions cruciales concernant la conciliation entre développement des infrastructures académiques et enjeux environnementaux. Alors même que la crise écologique impose une révision radicale de nos modes de production agricole, la perte de ce projet innovant et durable représente non seulement la disparition d’un modèle qui pourrait être l’agriculture de demain, mais aussi celle d’un exemple concret de la manière dont les institutions peuvent intégrer des pratiques durables dans leur fonctionnement quotidien.

Justine Pellissier

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