L’ONU, gardienne de la paix ou spectatrice impuissante ?
POLITIQUE • Aujourd’hui la responsabilité de l’ONU envers le maintien de la paix et son efficacité est fortement critiquée, principalement en raison du droit de veto qui permet aux États membres de défendre leurs intérêts contre la paix internationale.
Depuis quelques années nous avons tous l’impression que les conflits d’armes s’accélèrent sans mentionner les multiples crimes de guerres qu’ils entraînent. Il semblerait qu’aujourd’hui nous aurions plus que jamais besoin d’un organe pour la protection de notre démocratie et celle des droits de l’homme.
Les Nations Unies ont justement été fondées initialement pour tenir ce rôle de médiateurs de la paix dans le monde. Nous retrouvons dans la charte de celle-ci vouloir «Maintenir la paix et la sécurité internationales et à cette fin : prendre des mesures collectives efficaces en vue de prévenir et d’écarter les menaces à la paix (…) »
L’ONU, synonyme d’espoir après l’échec de 39-45
L’envie internationale de préserver la paix émerge en 1919, suite aux événements de la Première Guerre mondiale. L’ancêtre de l’ONU, la « SDN », voit le jour à Genève à la suite du traité de Versailles, dans l’espoir d’éviter la répétition des tragédies passées. Malheureusement, la Société des Nations n’a pas réussi à atteindre son objectif, et le monde s’est engagé dans une seconde guerre totale. Ce n’est qu’en 1946, à la fin de celle-ci, que l’ONU est fondée. Résidant à New York, l’organisation incarne un symbole d’espoir et l’entrée dans un monde nouveau. On attend d’elle qu’elle renforce la paix internationale, améliore le dialogue entre les nations et contribue à l’amélioration de la situation économique mondiale. Efficace, ce n’est que deux ans après sa création, en 1948, qu’elle adopte la Déclaration universelle des droits de l’homme. Pourtant, en 2024, les Nations Unies peinent à faire respecter leur Déclaration, certains États s’autorisant des excès inacceptables, allant jusqu’à commettre des massacres de populations, en dépit des principes fondamentaux qu’elles sont censées défendre.
Le droit de véto, une arme qui paralyse l’ONU
Le maillon faible des Nations Unies réside principalement dans son Conseil de sécurité, théoriquement chargé de maintenir la paix. Composé de quinze États, dont dix élus tous les deux ans par l’Assemblée générale, il inclut cinq membres permanents – les vainqueurs de la Seconde Guerre mondiale : la Chine, la Russie, les États-Unis, le Royaume-Uni et la France. Ces membres disposent du droit de veto, un privilège qui suscite de nombreuses critiques. Effectivement, le droit de veto permet à ces cinq États de bloquer toute décision. Depuis la création des Nations Unies jusqu’en 2023, 301 vétos ont été exercés. Par exemple, en septembre 2022, le Conseil de sécurité s’est réuni pour voter une résolution condamnant l’annexion par Moscou de plusieurs régions ukrainiennes. Malgré une majorité de 10 votes favorables et 4 abstentions (Chine, Inde, Brésil, Gabon), la Russie a utilisé son véto pour bloquer l’adoption. Ainsi, malgré la volonté internationale de défendre l’Ukraine, la Russie de Vladimir Poutine a échappé à toute sanction. Plus récemment, le 18 octobre 2023, le Conseil de sécurité a débattu d’une résolution condamnant les attaques du Hamas et les violences disproportionnés d’Israël contre les civils à Gaza. Cette résolution, qui proposait des pauses humanitaires pour aider les habitants de Gaza et dénonçait les violences, a reçu le soutien de douze membres sur quinze. Cependant, les États-Unis ont posé leur véto, empêchant son adoption.
L’ONU, encore pertinente ou dépassée ?
Les Nations Unies, restent un pilier du droit international et un symbole d’espoir. Néanmoins, les limites de son fonctionnement, notamment au sein du Conseil de sécurité soulèvent de nombreuses questions. Comment peut-on parler de démocratie internationale lorsque cinq pays seulement détiennent le droit de veto et dominent les décisions, parfois au détriment de la paix mondiale ? La proposition française de 2013 visant à interdire le recours au droit de veto dans le cas d’atrocités de masse reflète un désir croissant de réforme. Pour rester pertinente, l’ONU doit s’adapter aux enjeux du XXIe siècle en imposant des règles communes à tous les États, plutôt que de permettre à cinq nations d’imposer leurs intérêts au reste du monde. Si l’ONU veut véritablement incarner une organisation collective et non impérialiste, chaque État doit avoir une voix égale. La réforme n’est plus une option, mais une nécessité pour relever les défis d’un monde en constante évolution.
Lilou Zamora