Fast fashion, fast déco : même racine, même combat

ENVIRONNEMENT • Après la fast fashion… place à la fast déco ! Ce phénomène de surconsommation de mobilier et d’objets décoratifs se caractérise par une multiplication de produits sur le marché, une baisse de leur qualité ainsi que des conséquences environnementales préoccupantes.

Auparavant, les meubles étaient des objets que l’on gardait des décennies durant, voire qu’on héritait. Ce modèle de consommation semble caduc à présent, avec des milliers de nouveaux articles ajoutés par an aux catalogues des plus grandes enseignes, comme Ikea.

Un récent rapport tire la sonnette d’alarme

Un rapport publié le 24 mai 2024 par les ONG Zero Waste France, Les Amis de la Terre et le Réseau national des ressourceries et recycleries met en lumière l’impact environnemental désastreux de la « fast déco », un secteur en pleine expansion. Ceci en particulier suite à la pandémie de Covid-19, ayant mis l’accent sur l’importance de l’aménagement de nos foyers.

En France, par exemple, entre 2017 et 2022, le nombre d’éléments d’ameublement mis sur le marché a augmenté de 88 %, avec une hausse alarmante des déchets collectés, ayant atteint 1,2 millions de tonnes en 2021.

Coûts environnementaux et sociaux

A l’instar de la fast fashion, la fast déco incite à la surconsommation de mobilier et d’objets décoratifs, avec des produits à bas prix et un renouvellement rapide des collections. Ce modèle entraîne la production d’objets de moins en moins durables et difficilement recyclables, exacerbant la pollution et l’exploitation des ressources, notamment par la surexploitation du bois. Ce phénomène est donc similaire à celui de la fast fashion à différents niveaux. Cela s’illustre notamment par l’investissement de grandes enseignes d’habillement, comme H&M ou Zara, dans le secteur du mobilier et de la décoration d’intérieur.

Aux conséquences écologiques, s’ajoute l’impact social de ce mode de production.

En effet, les ONG soulignent que certains produits sont fabriqués dans des conditions de travail précaires, comme le coton en Chine, où est exploitée la communauté Ouïghour, ou encore le mobilier en bois en Biélorussie, produit par des prisonniers politiques.

Solutions pour limiter l’impact du secteur

Pour limiter ces effets, les ONG proposent plusieurs solutions, comme sensibiliser les consommateur·ices à se pencher sur l’origine et la composition des produits, mais aussi sur leurs habitudes de consommation, à travers l’encouragement à la réparation des objets et à l’upcycling. Aussi, la régulation du secteur est cruciale, raison pour laquelle elles proposent la mise en place de restrictions dans la mise de produits sur le marché. Pour cela, les ONG proposent d’imposer un système de bonus-malus pour les entreprises afin de les inciter à réduire leur catalogue. Le rapport stipule ainsi l’urgence de traiter la fast déco de la même manière que la fast fashion, qui a, elle, déjà fait couleur pas mal d’encre, contrairement au phénomène de la fast déco. Ceci afin de réduire le gaspillage de ressources mais aussi le coût environnemental qu’engendrent ces tendances de surconsommation. Un avenir durable doit nécessairement passer par une réduction de notre consommation à différents niveaux, notamment en ce qui concerne l’agencement de nos intérieurs, et une réelle prise en compte de son impact nocif tant à l’échelle locale que mondiale.

Jéssica Sousa

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