Une plongée au coeur des désirs féminins

© Catia Rossi

CINÉMA • Cette semaine, Genève accueille la 30ème édition du Geneva International Film Festival (GIFF). Parmi les nombreuses œuvres présentées, deux films diffusés ce mercredi 6 novembre ont retenu l’attention de L’auditoire : All We Imagine as Light de Payal Kapadia et Diva Futura de Guilia Louise Steigerwalt. Bien que très différents dans leur forme et leurs propos, ces films explorent chacun, à leur manière, le désir féminin et la quête de liberté.

Un désir étouffé : All We Imagine as Light

Dans son premier long-métrage de fiction, la réalisatrice indienne Payal Kapadia livre une œuvre intime et poignante. L’histoire se déroule dans la mégalopole bruyante de Mumbai, où l’on suit les deux protagonistes, Pranka et Anu, dans les aléas de leur vie sentimentale et matérielle. La première, Pranka, infirmière dévouée, vit dans l’attente d’un mari absent et résiste aux avances d’un collègue. Elle incarne la résignation face aux normes sociales en vigueur et l’attache aux traditions. Anu, plus jeune, fougueuse et moderne, vit un amour interdit avec un homme d’une autre religion, dans une société qui condamne ce genre de relation. Malgré leurs différences, une profonde amitié naît entre ces deux femmes, qui se reconnaissent dans leur lutte pour concilier devoirs imposés et désirs profonds. Le film, enrichi par la présence d’une troisième femme plus âgée confrontée à ses propres défis, offre une réflexion bouleversante sur les carcans qui emprisonnent les femmes en Inde. Récompensé par le Grand Prix du jury à Cannes, All We Imagine as Light est une œuvre immersive, sincère et empreinte d’humanité, qui capture avec brio l’intimité et la vulnérabilité de ses personnages.

Ces deux films proposent un questionnement profond sur la façon dont on se perçoit nous-même et nos désirs.

Un désir galvaudé : Diva Futura

Dans un registre tout à fait différent, Diva Futura, deuxième film de Giulia Louise Steigerwalt, s’aventure dans l’univers quelque peu excentrique de l’industrie pornographique italienne des années 1980. Inspiré de la célèbre maison de production Diva Futura, fondée par Riccardo Schicchi, le film se situe entre le biopic et la biographie romancée dans un genre qualifié d’« excentric porn dramedy ». On y suit le parcours ambitieux de ce trentenaire italien qui a révolutionné le film érotique, déterminé à sublimer le sexe à travers ses films. Tour à tour, on apprend à connaître les figures féminines emblématiques qu’il a propulsé comme Moana Pozzi et Ilona Staller, alias la Cicciolina, qui finira députée italienne. Ces femmes, icônes de sensualité libre, assument leurs choix tout en affrontant critiques, agressions et préjugés. Vibrant et drôle, le film évite les jugements moralisateurs, préférant explorer avec nuance les sacrifices et les victoires d’une carrière dans cette industrie controversée.

Un double regard sur le désir féminin

Ces deux films, en apparence opposés, posent des questions essentielles sur la liberté et les contraintes qui entourent le désir féminin. A travers des récits sincères et audacieux, ils dépeignent des femmes qui tentent de s’affranchir des normes sociales qui mettent souvent celles-ci dans des positions contradictoires et délicates. Ces œuvres, immersives et percutantes, invitent les spectateur·ices à célébrer le courage de ces femmes qui avancent malgré tout, et nous offrent accessoirement un petit coup de boost pour s’affirmer pleinement !

Allez vous délecter d’un large choix de films au GIFF jusqu’au 10 novembre.

Alexandra Bender

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