Entre l’eau et nous

© Alice Côté-Gendreau
JARDINS 24 • Pour sa septième édition, Lausanne Jardins a installé des créations naturelles, artistiques et architecturales mettant à l’honneur la place de l’eau dans la ville. L’auditoire vous propose une balade sur les rives du Léman, d’une rivière à l’autre.
Lausanne Jardin est « une manifestation paysagère » prenant place chaque cinq ans, explique Monique Keller, Commissaire de Jardins 2024. Son objectif est de repenser la végétalisation des villes et notre rapport à la nature en milieu urbain. Lausanne faisant partie du bassin versant du Léman (autrefois lac de Lausanne), l’eau a fortement influencé son développement. Son nom même l’illustre ; le suffixe celtique -onna, de l’ancien nom Lausonna, signifie « cours d’eau ». Au fil des années, notre relation à l’eau a fortement évolué, en parallèle avec l’aspect des rives du lac ; moins de 3% du rivage est encore sauvage, selon la Commission internationale pour la protection des eau des Léman (CIPEL). Le reste a été construit et minéralisé pour diverses installations, du traitement des eaux aux activités sportives en passant par les terrains privés.
De la Venoge à la Vuachère
Parmi celles et ceux qui foulent le sol du quartier du Flon, qui sait ce qui se cache sous le béton ? Le Flon est en réalité un cours d’eau qui traverse la ville, désormais enterré sous les pavés et dirigé vers le centre d’épuration de Vidy.
Qui sait ce qui se cache sous le béton du Flon ?
Le jardin B09, Rives oubliées, met en lumière son delta d’autrefois, qui rejoignait le Léman comme la Chamberrone et la Vuachère le font encore. Le parcours débute près du campus, à La Rivière augmentée (A01), qui propose une expérience sensorielle le long d’un sentier serpentin suivant le cours naturel de la Chamberonne, maintenant droite. Le son de l’eau y est amplifié et donne l’impression d0être submergée·e En longeant la rive vers Ouchy, on aperçoit le jardin B06, Recto-Verstant. C’est un mât coloré marquant l’évacuation des eaux épurées et de la pluie dans le lac. Un court-métrage effectué par Jardins 24 retrace d’ailleurs le cycle de l’eau depuis la pluie dans les rues de Lausanne jusqu’aux glaciers alpins. Sans parole, ses images méditatives invitent à la réflexion et nous transportent comme une goutte d’eau dans son périple entre urbanisme et nature sauvage. Le Léman ne se limite cependant pas à ses rives ni à ses affluents. Il se fond dans le littoral et son bassin comporte plusieurs nappes phréatiques qui s’étendent sur plusieurs kilomètres carrés, formant un réseau souvent oublié.
Les canalisations souterraines, véritables merveilles d’ingénierie, permettent à l’eau de faire un aller-retour entre le lac et la ville, avec une escale à la station d’épuration. L’installation L’Eau sous nos pieds (C06) sort de terres les tuyaux tentaculaires qui peuplent nos souterrains. Le système lausannois fonctionne en effet en cercle fermé. Nous puisons l’eau du lac pour la rejeter après utilisation, d’où l’importance de se rendre compte de notre consommation. Celle-ci est illustrée par une rangée de cuvettes de toilettes, au jardin A105, où chacune d’elles nous lance un cri du cœur : Traite-moi bien ! Jusqu’au 15 octobre, vous pourrez découvrir le Léman d’un autre œil grâce à cette exposition à ciel ouvert, constituée d’une quarantaine de jardins accessibles à tous·tes que vous avez sûrement remarqués au cours de l’été.
Alice Côté-Gendreau