Un problème pas ludique

Photo : ©Pixabay

SANTE • Le moustique est l’animal qui cause le plus de morts chaque année chez l’être humain (en moyenne 600’000 décès). Il est vecteur de nombreux fléaux nommés dengue, zika, chikungunya ou malaria, au point que l’éradication planifiée de certaines espèces est envisagée.

Si le moustique peut agacer, voire gâcher certaines soirées d’été sous nos latitudes, le problème est d’une autre ampleur dans l’hémisphère sud, en particulier en Afrique subsaharienne. En effet, près de 50% des cas de paludisme, autre nom de la malaria, sont concentrés entre quatre pays seulement: le Nigéria (27%), la République démocratique du Congo (12%), l’Ouganda (5%) et le Mozambique (4%). En Europe, la maladie a presque complètement disparu depuis le 19ème siècle, principalement en raison de l’assèchement des zones humides et marécageuses. Si la lutte contre le paludisme a connu quelques progrès ces vingt dernières années, ils sont considérés insuffisants par les spécialistes. Manque de fonds, conflits armés et crise sanitaire ne sont que quelques ingrédients de cet échec qui pèse avant tout sur les enfants de moins de cinq ans et les femmes enceintes.

Pourquoi les moustiques piquent

Tous les moustiques ne piquent pas. C’est le cas par exemple des espèces de grande taille qu’on nomme cousins. Par ailleurs, pour les autres, ce sont les femelles uniquement qui piquent les humain·e·s, car elles ont besoin de certaines protéines, présentes dans le sang, pour faire maturer leurs oeufs. Les mâles se contentent pour leur part de nectar de fleurs. Lorsqu’elles piquent, les femelles injectent de la salive anticoagulante afin de fluidifier la prise de sang. Les boutons et démangeaisons qui en résultent chez l’humain sont une réaction allergique. Les moustiques peuvent donc être contaminés lors du prélèvement de sang, et infecter un humain lorsqu’ils injectent leur salive, ce qui explique leur potentiel redoutable de dissémination des maladies.

Tous les moustiques ne piquent pas

En eaux stagnantes

La lutte contre les moustiques existe depuis longtemps. Alors qu’on se pensait au seuil d’une grande révolution chimique dans les années 1950, avec la généralisation des pesticides et larvicides en tous genres, il s’avéra que les larves développaient rapidement des résistances et qu’il était toujours nécessaire de développer de nouveaux produits. Les mesures d’aménagement du permettent, elles, de limiter la propagation de certaines espèces. Depuis les années 2000, dans la ligne des avancées faites en génomique, certain·e·s chercheur·euse·s défendent l’idée de modifier génétiquement certaines espèces de moustiques, en les rendant stériles. Cette idée d’extermination planifiée fait débat entre ceux·celles qui prétendent diminuer marginalement la diversité du génome des moustiques et ceux·celles qui mettent en avant notre incompréhension de l’importance globale du moustique dans la chaîne alimentaire.

Jacques Soutter

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.