Capitaine Justine

VOILE · Le numéro 281 de L’auditoire consacrait un article au Vendée Globe, dans lequel était introduite la Suissesse Justine Mettraux, à l’époque peu connue du grand public. Sa course terminée, son nom est désormais notoire: c’est celui de la femme la plus rapide à terminer un tour du monde à la voile en solitaire.

La dixième édition du Vendée Globe, une course à la voile en solitaire, sans escale ni assistance, a été lancée en novembre 2024 du port des Sables-d’Olonne, en Vendée. En février 2025, les derniers bateaux traversent à nouveau, trois mois plus tard, ce même port, également ligne d’arrivée. Cette édition s’est révélée riche en records de participation et de vitesse. En effet, Justine Mettraux, Genevoise de 38 ans née dans une famille de navigateur·rices, a accompli le Vendée Globe le plus rapide par une femme, à bord de son IMOCA bâti en 2018. Plus que le meilleur temps féminin, sa 8e place (sur 33) représente la meilleure position d’un·e skipper non français·e, la course étant dominée par des navigateur·rices tricolores, et d’un bateau d’ancienne génération, c’est-à-dire construit avant l’édition précédente. Les améliorations techniques ont fortement contribué aux records de vitesse ayant lieu à quasiment chaque édition, soulignant l’importance de posséder un voilier récent et performant.

Une course mixte… mais surtout masculine

Lors des deux premières éditions du Vendée Globe, en 1989 et 1992, aucune femme n’avait pris le départ. La Française Catherine Chabaud devient ainsi la première femme à terminer le Vendée Globe au terme de l’édition 1996-1997, une des six skippers à terminer la course parmi les 15 ayant pris le départ. Plus de la moitié des participant·es avaient en effet dû abandonner, à l’instar d’Isabelle Autissier, en raison des conditions particulièrement difficiles qui ont même causé la mort d’un marin. L’édition suivante, la navigatrice britannique Ellen MacArthur a marqué les esprits en décrochant la deuxième place au terme d’un combat acharné, à seulement 24 ans. Aucune femme n’a dès lors réussi à décrocher un podium. Depuis, la participation féminine semble augmenter, mais reste peu nombreuse et inconstante. Cette année, l’engouement médiatique autour de Violette Dorange, plus jeune participante de l’histoire du Vendée Globe à tout juste 23 ans, laisse espérer une nouvelle génération de jeunes navigatrices.

Femmes à bord, malheur!

Le chemin à parcourir a été long, depuis l’ancienne superstition selon laquelle la présence d’une femme à bord portait malheur. Mais cette croyance est-elle réellement révolue? La voile au large est encore dominée par les hommes, et pas seulement dans le Vendée Globe. Les femmes souhaitant se montrer compétitives dans ce sport, qui implique des expéditions de plusieurs mois, rencontrent de nombreuses difficultés en lien avec le support des sponsors durant une grossesse et la création d’équipages mixtes. Nombre de femmes se sont toutefois illustrées, à l’image de Florence Arthaud, seule femme à avoir gagné, en 1990, la Route du Rhum, transatlantique en solitaire. Ces dernières années, quelques navigatrices réussissent dans le sport tout en ayant des enfants, mais c’est un sujet qui reste fortement tabou. La performance de Justine Mettraux revêt ainsi une symbolique puissante par rapport à la place des femmes dans la course de voile au large. Elle encourage non seulement les navigatrices à s’engager sur les océans, mais également les sponsors et les organisations de courses à soutenir leur présence à un haut niveau.

Alice Côté-Gendreau

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