Quel avenir pour le ski en Suisse?

ENVIRONNEMENT · Le réchauffement climatique menace le tourisme hivernal suisse. Entre canons à neige coûteux en eau et en énergie et démarche symbolique, les réactions sont diverses.

Le plus petit domaine skiable du monde a ouvert à Saint-Gall en février dernier. Doté d’une seule piste noire d’à peine 20 mètres de long, ce projet artistique nostalgique du téléski à archets dans les stations de basse altitude et dénonce les effets de la crise climatique sur la pratique du ski. En effet, d’année en année, la neige se fait plus haute et plus rare. Le National Centre for Climate Services rappelle que les glaciers alpins ont perdu près de 60% de leur volume depuis 1850 et annonce une «nette baisse» des jours de neige en haute altitude d’ici 2060. Dès lors, qu’arriverait-il si la pratique du ski, vieille de 75 ans seulement, disparaissait un jour en Suisse? Perdrions-nous une partie de notre identité? En 1934 est inauguré le premier téléski à arbalètes du monde à Davos (GR). En 1944, le premier télésiège d’Europe est mis en service au Jochpass (UR). Dès le début des années 1950, des télécabines apparaissent dans toutes les stations. À partir des années 1960, le ski est pratiqué de façon quotidienne par de nombreux·euses Suisses et devient argument touristique et moteur économique. Toutes autres que symboliques, les conséquences économiques de la disparition du ski seraient importantes, le tourisme hivernal représentant à lui seul 1% du PIB helvète et plus de 10% pour les régions de montagneuses comme le Valais ou les Grisons. Comment se préparer au mieux à cette crise ?

Vers une diversification… mais laquelle ?

Face aux conditions climatiques actuelles et futures, de nombreuses stations tentent aujourd’hui de diversifier leur offre d’activités de montagne, dans le but de parvenir à un tourisme dit «quatre saisons». Piste actuellement en développement, le VTT semble faire bonne parade à la lente condamnation du ski. Le Conseil d’État vaudois a d’ailleurs annoncé en janvier dernier vouloir débloquer, avec la Confédération, une somme totale de près de 10 millions de francs afin de soutenir ce «projet phare pour un tourisme résilient […] et une offre sportive au service de la durabilité». Mais de quelle durabilité parlons-nous? «Ces infrastructures peuvent altérer le paysage, perturber les animaux sauvages ou encore nuire à la végétation», dénoncent Pro Natura, le WWF, Mountain Wilderness et Bird-Life. «Le VTT atteste-t-il de la volonté des stations de changer de philosophie ou incarne-t-il la poursuite d’un sprint effréné vers la rentabilité?» questionne le 24 heures. ⁠Peut-être que d’autres voies vers un tourisme plus responsable mériteraient-elles d’être investiguées… Éducation à la nature, randonnée et contemplation du paysage, pour en citer quelques-unes, paraissent être des activités complémentaires à la quête d’adrénaline des descentes effrénées à ski ou VTT.

Flavia Mizel

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