Essor des courts-métrage d’animation

CINEMA · Ces dernières années, les mini-séries et courts-métrages animés rencontre un véritable succès. Enquête sur un style en essor avec les exemples du court métrage Les belles cicatrices (2024), réalisé par Raphaël Jouzeau ainsi que la Série Arte Samuel (2024) réalisée par Émilie Tronche.

Avec l’essor des plateformes de streaming, les courts-métrages d’animation se prêtent particulièrement bien à un contexte où les spectateur·ice·s privilégient souvent des formats courts et condensés. Leur approche unique offre une expérience différente de celle du cinéma traditionnel, alliant créativité et concision. En effet, le format court exige narration courte mais percutante. En quelques minutes, les créateur·ice·s doivent capter l’attention, développer une histoire et provoquer une émotion forte. De plus, le format court permet aux jeunes créateur·ice·s de s’exprimer sans les contraintes budgétaires ou logistiques des longs-métrages. Il est souvent une carte de visite, offrant ainsi au public une chance de découvrir des artistes émergent·e·s. Par exemple, l’école Gobelins – école de la création numérique et des arts visuels – est connue pour publier sur internet les projets de ses étudiant·e·s dont un des plus connus, Au revoir Jérôme cumule les 500’000 vues. 

Modeler la réalité à sa guise

Les courts-métrages d’animation offrent une liberté artistique. Les artistes peuvent explorer des styles visuels innovants, des thèmes audacieux, ou des récits expérimentaux, attirant ainsi un public en quête de nouveauté. L’animation, par essence, permet de repousser les limites de la réalité. Le court métrage, primé et visionné plus d’un million de fois sur Arte, Les belles cicatrices illustre bien le pouvoir des scènes imaginaires dans le cinéma d’animation. Au-delà d’être très poétiques, elles permettent aux protagonistes, qui traversent une rupture, de se replonger dans leurs souvenirs communs ainsi que de s’évader dans un monde où ils·elles sont seul·e·s. Une scène marquante les montre se glissant sous la nappe de la table du bar, symbolisant leur entrée dans un monde imaginaire où se mêlent les méandres de leur amour et de leurs souvenirs. Dans cette séquence saisissante, leurs émotions dépassent la simple narration orale pour se matérialiser pleinement. En effet, ce style a le pouvoir de donner forme aux émotions.

Nostalgie de l’enfance des années 2000 

La série Samuel, parue en mars dernier sur Arte et réalisée de A à Z par Émilie Tronche, a dépassé en moins d’un mois, la barre des 25 millions de visionnages sur Arte. La mini-série, divisée en 21 épisodes de 2 à 6 minutes, est une entrée dans le journal intime et le quotidien d’un jeune garçon de 10 ans, Samuel. A travers son regard innocent, les spectateur·ice·s sont confronté·e·s à ses histoires d’amour, ses angoisses, ses réflexions et ses chagrins. Le style d’animation est empreint d’un minimalisme séduisant, les traits sont donc simples et uniquement noirs ou blancs. Par ce choix, l’idée de la réalisatrice était de donner vie au journal intime de Samuel. Les voix de chaque personnage sont interprétées par la réalisatrice pour renforcer cette idée de narration à travers la vision unilatérale de Samuel. La série a un sens très doux et réconfortant, elle rappelle une époque où les seules préoccupations étaient de savoir si un·e· tel·le était amoureux·se de nous. En s’identifiant à Samuel, les spectaeur·ice·s se replongent ainsi, de manière nostalgique dans leurs souvenirs d’enfance.

Sarah Pfitzmann

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